C’est en 1993 que le visage de Corinne Masiero a fait sa première apparition à l’écran. Dans Germinal de Claude Berri, elle jouait une danseuse de bal. Depuis, la comédienne, âgée de 61 ans, a accumulé une filmographie dense : plus d’une trentaine de films et près d’une soixantaine de séries à son actif.
Le rôle qui a changé la donne
Si son parcours compte de nombreux rôles, c’est un téléfilm de France Télévisions qui lui a offert une visibilité majeure. Il s’agit de Capitaine Marleau, réalisé par Josée Dayan, dans lequel Corinne Masiero tient le rôle principal depuis 2015. Ce personnage lui a permis d’asseoir sa notoriété auprès du grand public et de renouveler son image d’actrice engagée et singulière.
Sur le plan personnel, son histoire n’a pas été sans heurts. Dans son premier livre, publié le 13 novembre dernier et intitulé On chie d’dans ! Anti‑fiction (éditions Florent Massot), elle revient sans fard sur une jeunesse marquée par des épreuves : la drogue, la rue, l’inceste et la prostitution. Elle raconte aussi son enfance dans le Nord‑Pas‑de‑Calais, région où elle vit aujourd’hui avec son compagnon depuis 25 ans.
Un portrait sans compromis dans « Sept à Huit »
Le dimanche 30 novembre, Corinne Masiero a reçu la journaliste Audrey Crespo‑Mara chez elle, pour tourner Le portrait de la semaine diffusé dans l’émission Sept à Huit. L’entretien a permis à l’actrice d’évoquer son parcours, ses blessures et ses convictions, avec le ton franc qui la caractérise.
Dans son ouvrage, elle écrit sans détour : « dans mon Nord à moi, la majorité des prolos ça votait rouge, rouge coco ». Lors de l’entretien, elle a précisé le sens de cette filiation politique : « être rouge, c’était se battre contre cette espèce d’oppression, de répression qu’il y avait contre le peuple des pauvres », a‑t‑elle expliqué.
Corinne Masiero s’est également ouverte sur les laideurs vécues à l’école. Elle décrit des brimades et un rejet liés à son milieu et à la manière de parler : « Je me suis retrouvée dans un collège où là… Moi je parle en patois, comme tout le monde parle en patois, en tout cas dans mon milieu. Et on m’a dit ‘non, non, non, ici on ne parle pas. C’est sale de parler comme ça. Faut pas parler comme ça. C’est sale’. Et là, tu te prends ça en pleine porte », a‑t‑elle raconté à Audrey Crespo‑Mara.
Elle poursuit en dressant le portrait des conséquences de telles humiliations : « Donc il y a des gens qu’on considère comme des moins que rien. Les gens du village, les gens de la famille, les gens des amis. On est de la merde quoi. Et ça quand tu le prends dans les saumas ça fait mal. Et ça reste pour longtemps », confie‑t‑elle.
La comédienne n’a pas hésité à dénoncer les moqueries sur son accent social : « Et tant qu’on ne regarde pas l’autre, tu sais, le petit côté comme ça, ‘oh c’est mignon (…) ce petit accent, l’accent du midi c’est tellement mignon’, mais va te faire foutre quoi ! Et toi ton accent à deux balles avec tes “o” pointus et tes machins c’est pas mieux ! », a‑t‑elle lancé, avant d’achever son imitation qui a provoqué l’hilarité de la journaliste présente.
Une publication liée à cet entretien a également été partagée via Instagram, illustrant la diffusion du portrait et les réactions suscitées par les confidences de l’actrice.
En mêlant mémoire personnelle et regard politique, Corinne Masiero offre dans son livre et ses interviews un récit rugueux, sans concessions, qui éclaire le chemin d’une comédienne devenue figure reconnaissable du paysage télévisuel français. Les détails et les mots qu’elle choisit confirment la volonté d’une artiste de raconter sa vie telle qu’elle l’a vécue, sans fard.
