Alain Souchon, célèbre pour ses textes ciselés et son ironie douce-amère, a surpris vendredi 14 novembre 2025 en faisant preuve d’une franchise peu attendue lors de son passage dans la matinale de RTL. Interrogé par Marc-Olivier Fogiel sur l’actualité politique et la progression du Rassemblement national dans les sondages, l’artiste de 80 ans a abandonné la poésie pour des formules nettes qui ont rapidement fait réagir après la diffusion de l’émission.
« 35, ce n’est pas 50 » : une mise au point tranchée
Marc-Olivier Fogiel évoque un sondage donnant Marine Le Pen à 35 % d’intentions de vote à l’approche de l’élection présidentielle de 2027. Face à cette statistique, Alain Souchon répond sans détour : « Oui bah 35, ce n’est pas 50 ! »
Puis il développe un jugement plus large sur l’électorat français. « Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu’un du Front national pour diriger. » Ces mots, plus abrupts que son style habituel, traduisent à la fois une inquiétude et une confiance dans la capacité des citoyens à éviter un basculement extrême.
La référence au « Front national » est notable. Le parti est aujourd’hui connu sous le nom de Rassemblement national, mais la phrase de Souchon reprend le vocabulaire qu’il a employé lors de l’entretien.
Le mot « révolution » et la crainte d’un basculement
Interrogé sur les conséquences possibles d’une victoire d’un mouvement d’extrême droite, l’auteur de plusieurs chansons-phare emploie un vocabulaire fort : « S’il y a un président d’extrême droite, il y aura une révolution. »
Il justifie cette image en évoquant l’histoire politique française et la tradition contestataire du pays. Selon lui, un tel scénario provoquerait une réaction populaire, rendant un basculement durable difficile à imaginer sans soulèvement.
Souchon confie être frappé par la radicalisation du débat public. Mais il se montre aussi porteur d’un certain espoir, estimant que les Français sauront, dit-il, « ne pas céder à l’appel à l’extrême droite ». Son propos oscille entre gravité et provocation, fidèle à la façon dont il commente souvent la société.
Exil éventuel : ironie ou colère réelle ?
Au cours de l’entretien, l’artiste évoque la possibilité d’un départ : « Si jamais ça arrivait, on irait en Suisse. » Prononcée sur un ton mêlant sérieux et provocation, cette phrase traduit une inquiétude réelle. Attaché à une certaine idée de la France, Souchon laisse entendre qu’il ne se reconnaîtrait pas dans un pays dirigé par l’extrême droite.
Il nuance toutefois son propos en reconnaissant le rôle d’opposition du Rassemblement national. « Que les gens du Front National soient là pour asticoter le pouvoir, ça c’est normal, c’est la démocratie. » Mais selon lui, placer ce mouvement à la tête de l’État représenterait un tournant suffisant pour envisager la fuite.
Réactions et diffusion
La séquence a été largement commentée après sa diffusion. Plusieurs extraits ont circulé sur les réseaux sociaux, et la prise de position de l’artiste a notamment été partagée via Instagram.
Les mots d’Alain Souchon relancent le débat sur la manière dont les figures publiques prennent position en politique. Pour certains, son intervention est une mise en garde claire. Pour d’autres, elle relève d’une émotion de circonstance propre aux invités des matinales.
Quoi qu’il en soit, l’apparition du chanteur de 80 ans sur RTL a rappelé que les artistes gardent une place centrale dans le débat public. Sa franchise, accusatrice pour certains et lucide pour d’autres, témoigne de l’intensité du climat politique actuel et de la sensibilité du monde culturel face à ses évolutions.
