À la veille de la demi-finale retour de la Ligue des Nations opposant l’équipe de France à l’Allemagne, la gardienne des Bleues Pauline Peyraud-Magnin a choisi de briser le silence. Dans un entretien accordé à L’Équipe, la joueuse a expliqué ne pas vouloir parler du match, mais dénoncer les menaces et le harcèlement dont elle est victime depuis plusieurs années.
Des menaces récurrentes, jusqu’à des vidéos choquantes
Pauline Peyraud-Magnin affirme avoir reçu « des menaces de mort après des matchs avec l’équipe de France et en club ». Elle évoque des intimidations qui, selon elle, ne sont pas limitées à un incident isolé : « J’ai déjà reçu des menaces de mort après des matchs avec l’équipe de France et en club », répète-t-elle dans l’entretien.
Plus grave, la gardienne révèle avoir reçu une vidéo — sous forme de GIF — montrant une personne se faisant égorger, accompagnée d’un message la menaçant du même sort. « J’ai reçu la vidéo, en GIF, d’une personne se faisant égorger et on m’écrivait qu’on allait faire pareil avec moi », confie-t-elle. Elle ajoute avoir été « choquée pendant quelques semaines » par cet envoi.
Insultes et attaques liées aux paris et aux jeux vidéo
Outre les menaces explicites, Pauline Peyraud-Magnin décrit un flot d’injures et de critiques sur les réseaux sociaux. Elle signale que certaines attaques semblent liées aux paris sportifs et à des jeux en ligne : « On se fait régulièrement insulter. (…) Une personne m’a écrit pour me dire que je suis nulle sur FC26. C’est lié à des cartes. Quand ils achètent quelque chose, ils s’attendent à ce que nos performances soient toujours bonnes. Ce n’est pas de ma faute s’il a fait un mauvais choix. Les gens, ça les rend fous. »
La gardienne précise que ces messages prennent parfois une tournure homophobe ou malveillante. Elle regrette que les réseaux sociaux deviennent un lieu de « déferlement de haine » et souligne l’impact émotionnel sur elle et ses proches.
Un impact sur l’entourage et l’intervention de la Fédération
Pauline insiste sur le fait que la cible réelle de ces attaques est souvent sa famille. « Ce n’est même pas moi en particulier que ça a touchée, mais ma famille et notamment ma mère, qui était triste pour moi », confie-t-elle. Le harcèlement laisse des traces, et la joueuse n’hésite pas à rappeler la responsabilité morale de ceux qui envoient ces messages : « Les gens qui envoient cela ne se rendent pas compte que derrière un téléphone, il y a un humain qui a des sentiments, que ça peut toucher. »
La Française se dit toutefois soulagée par la réaction de la Fédération Française de Football (FFF). D’après elle, la « Fédé » a recensé tous les messages reçus par les joueuses afin de les transmettre à la justice. « Je trouve ça hyper bien que la Fédé nous protège. Si tu n’es pas bien mentalement, tu peux descendre très bas à cause du harcèlement sur les réseaux sociaux », explique-t-elle dans L’Équipe.
Contexte personnel et prudence
L’entretien mentionne également un épisode personnel douloureux : la disparition d’une ex-compagne retrouvée morte dans un appartement à Turin. La joueuse évoque cette épreuve dans le cadre de son témoignage sur la vulnérabilité face aux attaques extérieures. Sur ce point sensible, Pauline ne donne pas de détails supplémentaires dans l’interview publiée par L’Équipe.
Face à la multiplication des messages haineux, elle appelle implicitement à plus de responsabilité de la part des internautes et à une action continue des instances. Elle rappelle que derrière chaque compte se trouve une personne réelle, susceptible d’être profondément affectée.
En choisissant de parler publiquement, la gardienne cherche à alerter sur la gravité du harcèlement en ligne subi par les sportives. Son témoignage souligne la nécessité d’une vigilance accrue, tant de la part des plateformes que des institutions sportives, pour protéger les joueurs et leurs proches contre les dérives et les menaces.
