Quatre ans après la mort de Bernard Tapie, la succession continue de provoquer des remous judiciaires. L’hôtel particulier du couple Tapie, mis en vente aux enchères, se retrouve au cœur d’une nouvelle controverse : la surenchère déposée début juillet pour acquérir le bien a été contestée et risque de ne pas être retenue, selon Le Parisien.
Une surenchère qui interroge
La mise aux enchères de la propriété, située à quelques mètres du bois de Boulogne (Hauts-de-Seine), s’était déroulée le 26 juin dernier. Le 7 juillet, une surenchère de 11 millions d’euros a été enregistrée auprès du greffe du juge des exécutions de ventes immobilières du tribunal judiciaire de Paris.
Mais cette offre a rapidement suscité des doutes. Me Vanessa Grynwacj, en charge de la vente du bien d’exception, a confirmé que « la validité de cette surenchère (a été) contestée par l’adjudicateur ». D’après Le Parisien, l’enchère n’aurait pas été déposée directement par les personnes derrière l’offre, mais par une avocate agissant au nom d’une entité récemment créée, en juillet 2024, et dont la dénomination prête à confusion : « Rockefeller ». L’actionnaire principal de cette société est présenté comme s’appelant « BlackRock & Vanguard Inc. », et la société a été enregistrée au Delaware, qualifié dans l’article de l’un des plus gros paradis fiscaux des USA.
Ces éléments ont suffi à éveiller les soupçons des adjudicateurs, qui ont pris le temps de vérifier la provenance et la légitimité de la surenchère.
Les deux frères derrière l’offre
Après vérifications, les adjudicateurs ont identifié les personnes se cachant derrière la surenchère : deux frères, Mustapha F. et son cadet Mounir. Le Parisien rapporte que les deux hommes font l’objet d’accusations par plusieurs femmes, portant sur des escroqueries sentimentales et immobilières.
L’avocate qui aurait formulé l’offre pour le compte de la société « Rockefeller » est décrite par nos confrères comme « connue comme le loup blanc dans le milieu des ventes immobilières aux enchères publiques ». Contactée par Le Parisien, la professionnelle, qui serait « dans le collimateur de beaucoup de monde », a refusé de répondre aux questions.
Une affaire plus ancienne éclaire aussi le contexte : une information judiciaire ouverte en 2020 par le parquet de Pontoise (Val-d’Oise) vise précisément cette avocate et ses deux clients pour « escroquerie et blanchiment ». Ces éléments ont pesé lourd dans l’analyse des adjudicateurs, au point de conduire au rejet provisoire de la surenchère de 11 millions d’euros.
Quel avenir pour la vente ?
En conséquence, la somme proposée par les deux frères et leur conseil a été écartée par les autorités en charge de la vente. Le bien pourrait désormais être acquis par le dernier offrant, qui avait proposé 10 millions d’euros lors de la première adjudication.
Ce montant, rappelé par Le Parisien, représente environ 40 % de moins que l’expertise réalisée sur la propriété. La différence entre l’évaluation et l’offre retenue souligne l’enjeu financier et symbolique de cette vente, qui porte la mémoire d’une figure publique encore très présente dans le débat médiatique.
Pour l’heure, le litige autour de la validité de la surenchère et la vérification de l’origine des fonds occupent les juridictions compétentes. Aucune décision définitive n’a été rendue publique sur l’adjudication finale du bien.
Les éléments rapportés ici proviennent de Le Parisien et des déclarations recueillies par le quotidien. Compte tenu des investigations en cours et des procédures ouvertes, certaines informations continuent d’être susceptibles d’évolution.
