Le 17 octobre 2025, la cour d’assises du Tarn a condamné Cédric Jubillar à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, Delphine Jubillar, disparue la nuit du 15 décembre 2020. Le corps de la jeune femme n’a toujours pas été retrouvé, mais le verdict a suivi la réquisition du parquet et les jurés ont retenu la qualification de « meurtre aggravé ». Il suffisait, selon les règles applicables aux jurés, de trois voix pour que l’accusé échappe à la prison ; trois voix qu’il n’a pas obtenues cette fois-ci. Le peintre plaquiste est donc, pour le moment, envoyé derrière les barreaux. Perçu comme l’un des dossiers les plus suivis de ces dernières années, ce procès a opposé les certitudes de la défense aux éléments rassemblés par l’accusation lors de l’instruction et de l’audience publique.
Le procès et les dernières paroles de l’accusé
Dans sa réquisition du mercredi 15 octobre, l’avocat général Pierre Aurignac avait demandé la peine maximale de trente ans de réclusion criminelle. Lors des débats, l’accusation a soutenu que les éléments présentés démontraient la commission d’un « meurtre aggravé » par l’accusé. Cédric Jubillar a eu la parole en dernier avant la délibération de la cour ; il a alors déclaré : « Je tiendrai à dire que je n’ai absolument rien fait à Delphine ».
La défense, menée notamment par Me Alexandre Martin, avait plaidé l’acquittement, demandant aux jurés de ne pas condamner « sans certitude absolue ». « Vous ne pouvez pas condamner Cédric Jubillar. Votre devoir vous dicte de l’acquitter », avait plaidé Me Martin au terme de sa plaidoirie. Malgré ces réquisitions et cette défense, la majorité des jurés a suivi la position de l’avocat général.
Réactions à la sortie de l’audience et annonce d’un appel
À l’issue du prononcé du verdict, Me Laurent Boguet, avocat des deux enfants du couple, a rappelé que Cédric Jubillar a été reconnu coupable non seulement de la disparition de Delphine mais aussi de la disparition de sa dépouille. Il a attribué la sévérité de la peine à l’attitude de l’accusé pendant l’instruction et le procès et a invité l’intéressé à « tirer les conséquences » en indiquant où se trouve la dépouille de sa femme.
Les avocats de la défense ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel. « Nous allons nous remettre au travail pour préparer cet appel. Nous continuons le combat. Cet homme est abattu, vous l’imaginez bien. Cet homme continuera à clamer son innocence. Et peut-être qu’en appel un autre jury populaire en décidera autrement », ont-ils déclaré à la sortie de la salle.
La décision suscite des émotions fortes parmi les proches. À l’annonce du verdict, la famille de Delphine s’est effondrée en larmes et s’est enlacée dans la salle d’audience, manifestant un soulagement palpable malgré l’absence toujours inexpliquée du corps.
Un dossier encore marqué par l’absence de corps
La disparition, survenue le 15 décembre 2020, et l’absence de découverte du corps ont été au cœur des interrogations publiques tout au long de la procédure. La condamnation sans découverte de la dépouille illustre la difficulté pour la justice de trancher sur la base d’éléments circonstanciels et d’expertises techniques. Les débats ont longuement porté sur la cohérence des éléments à charge et sur l’attitude de l’accusé durant l’instruction, éléments qui, selon l’avocat général et selon le jugement, ont conduit à retenir la culpabilité.
Pour l’heure, l’arrêt condamne Cédric Jubillar à 30 ans de réclusion criminelle et laisse en suspens la question la plus douloureuse pour la famille et le public : où se trouve Delphine ? La défense compte désormais engager la procédure d’appel, qui ouvrira une nouvelle étape dans ce dossier suivi par l’opinion depuis plusieurs années.
