Gilbert Bécaud, auteur de classiques comme « Et maintenant », « Je reviens te chercher », « Nathalie » ou « L’important c’est la rose », reste une figure majeure de la chanson française. Parti il y a 24 ans, il a pourtant vu une partie de son répertoire devenir international : « What Now My Love », « Let It Be Me », « Love on the Rock » ont été repris par Frank Sinatra, Elvis Presley, Nina Simone, Bob Dylan ou encore Shirley Bassey. Malgré cette postérité, la présence du chanteur à la radio et à la télévision en France suscite aujourd’hui l’inquiétude de sa fille, Emily Bécaud, qui vient de récupérer le droit moral lié à l’œuvre de son père après vingt ans de conflit familial.
Une héritière qui tire la sonnette d’alarme
Sur Facebook, Emily Bécaud a exprimé son regret de ne plus entendre son père sur les ondes : « Je regrette, comme beaucoup, qu’on ne l’entende plus à la radio, qu’on ne le voie plus à la télévision ». Elle ajoute son incompréhension : « Papa n’a pas la place qu’il mérite au Panthéon de la chanson française. Je ne comprends pas et je n’ai pas de réponse à ces questions ». Ces propos, relayés également sur Instagram et lors d’entretiens avec les médias — notamment RTL — traduisent une volonté de remettre Gilbert Bécaud sur le devant de la scène avant deux dates symboliques : 2026 qui marquera les 25 ans de sa disparition, et 2027, année de son centenaire.
Les blessures d’un long conflit familial
La situation trouve ses racines dans un conflit de près de vingt ans opposant les héritiers. Le fils aîné, Gaya, et unique héritier moral pendant longtemps, a été critiqué par certains membres de la famille et par des proches pour ne pas avoir suffisamment valorisé l’œuvre de Gilbert Bécaud. Une décision de justice de 2016 a d’ailleurs acté des manquements dans la gestion du patrimoine culturel du chanteur.
Depuis la mort de Gaya en 2022, Emily Bécaud est redevenue, selon son testament, la détentrice du droit moral lié à l’exploitation de l’œuvre, rapporte Le Figaro. Elle évoque un « travail qui a été sabordé pendant plus de 20 ans » et réclame désormais un accompagnement pour redonner de la visibilité à ce patrimoine musical.
Appel public et stratégie de reconquête
Emily assure répondre aux sollicitations des médias et des programmateurs : « Je ne programme ni les émissions de radio ni les émissions de télé. Chaque fois qu’on me sollicite, je réponds présente », a-t-elle déclaré. Son message est double : déplorer l’absence des titres de son père tout en se tenant prête à collaborer pour les commémorations à venir.
Elle espère ainsi mobiliser le public, les médias et les professionnels pour une remise en lumière du répertoire. Les échéances 2026 et 2027 offrent des opportunités éditoriales et événementielles — rééditions, hommages, programmes spéciaux — qui pourraient permettre de repositionner Bécaud dans le paysage musical contemporain.
Un legs musical toujours influent
Qu’on l’appelle « Monsieur 100.000 Volts » ou qu’on se rappelle simplement de ses mélodies, le legs artistique de Gilbert Bécaud demeure solide et traverse les générations. La liste des artistes internationaux ayant repris ses chansons témoigne d’une portée au-delà des frontières et d’une reconnaissance durable de la qualité de ses textes et de ses mélodies.
Pour Emily Bécaud, restaurer la visibilité de ce répertoire passe par une action coordonnée et une mise en valeur institutionnelle et médiatique. Elle cherche à transformer la frustration exprimée en opportunités concrètes pour fêter dignement les anniversaires majeurs qui approchent.
Les déclarations d’Emily, ses publications sur Facebook et Instagram et ses interventions sur RTL donnent le tempo d’une campagne de redécouverte qui se prépare. Reste à voir comment radios, télévisions et acteurs culturels répondront à cet appel, et si la voix de Bécaud retrouvera bientôt sa place régulière dans l’air du temps.
