C’était l’un des visages les plus singuliers du PAF. Deux mois après le décès de Thierry Ardisson, survenu le 14 juillet 2025, la télévision française vit sa première rentrée sans « l’Homme en noir ». Un vide que ressent particulièrement Michel Drucker, son ami et rival de toujours, qui a choisi de lui rendre un hommage poignant et inattendu dans Vivement Dimanche, ce samedi 13 septembre.
Rivalité et tendresse : un lien complexe
Interrogé par Mohamed Bouhafsi, Michel Drucker, 82 ans, est revenu sur des années de relations à la fois professionnelles et humaines avec le créateur de Tout le monde en parle. « Son fond de commerce, c’était qu’il allumait tout le monde, moi compris », raconte-t-il avec un sourire empreint de tendresse. Derrière l’ironie mordante et l’allure provocatrice que le public connaissait, Drucker dit avoir découvert un homme aux facettes plus fragiles.
Il raconte une anecdote révélatrice : « Un jour, on lui propose une émission en direct avec moi pour le 60e anniversaire du débarquement. J’accepte. Et Thierry dit : ‘Mais il voudra jamais, je l’allume depuis 20 ans !’ Et finalement, on l’a fait. Et là, j’ai découvert quelqu’un d’extrêmement sensible, un sentimental, qui était terrorisé en direct. » Ces mots dessinent un Ardisson moins monolithique que l’image publique, sensible aux enjeux du direct malgré son habituel rôle de provocateur.
Un dernier spectacle pensé jusque dans les moindres détails
Le souvenir des funérailles de Thierry Ardisson marque profondément Michel Drucker. Selon lui, l’animateur avait tout organisé lui‑même : un « conducteur », au sens télévisuel du terme, calant musiques, chants et moments de recueillement. « Il avait tout prévu, les chansons, les musiques, même en dehors des prières », rapporte Drucker, soulignant l’obsession du détail propre au metteur en scène qu’était Ardisson.
Le point d’orgue de cette cérémonie orchestrée apparaît comme un ultime clin d’œil médiatique et théâtral : à la fin, on a remis le conducteur et on a entendu l’enregistrement d’une voix familière. « À la fin, on nous a remis le conducteur. Et on a entendu : ‘Bonsoir, c’est Thierry Ardisson. C’était une émission.’ » Ces mots, rapportés par Drucker, ferment la séquence comme on abatrait le rideau d’un plateau, transformant l’adieu en un dernier show conforme à l’esthétique de l’intéressé.
Une affluence révélatrice de son influence
Visiblement bouleversé, Michel Drucker a aussi noté la diversité et l’importance des personnes présentes aux funérailles : « Il y avait tout le monde : le monde de la télé, le monde de la pub, tous les grands patrons, celui de TF1 et celui du service public. C’était un personnage hors normes. » Cette présence souligne la place occupée par Ardisson dans les arcanes médiatiques et économiques du paysage audiovisuel français.
Pour Drucker, l’image publique d’un homme parfois acerbe doit être nuancée par une part secrète et émotionnelle : « Thierry, ce n’était pas le Thierry que vous connaissiez. Il pouvait être très cruel, mais c’était aussi un immense sentimental. » Ce bilan, à la fois lucide et ému, résume la complexité d’un personnage qui a su provoquer, choquer et fasciner pendant des décennies.
La rentrée télévisuelle post‑Ardisson s’annonce donc comme un moment de transition pour le PAF, où le souvenir d’un animateur au style singulier côtoie l’interrogation sur l’avenir des formats qu’il a contribué à populariser. Le témoignage de Michel Drucker, relayé dans Vivement Dimanche, offre un portrait intime d’un homme dont l’apparente invulnérabilité cachait une sensibilité profonde et des obsessions de mise en scène jusque dans la mort.
