Une rencontre fondatrice et une complémentarité évidente
Giorgio Armani, aujourd’hui figure emblématique de la mode italienne, n’a pas construit son empire seul. Au cœur de son parcours professionnel et sentimental se trouve Sergio Galeotti, né en 1945 à Pietrasanta, architecte de formation et homme d’affaires. Leur rencontre, racontée comme instantanée, remonte à 1966 lors d’un séjour en Toscane. Cette rencontre a rapidement pris la forme d’un duo intime et professionnel : partenaires d’affaires, amants et complices.
Très vite, Galeotti persuade le jeune styliste de quitter son poste chez Nino Cerruti pour tenter l’aventure à Milan. En 1975, ils fondent ensemble la maison Armani. Selon les récits de l’époque, Giorgio se consacre à la création tandis que Sergio prend en charge l’organisation, la gestion et les finances. Cette répartition des rôles — l’un créatif, l’autre gestionnaire — a été présentée comme le moteur de la réussite initiale. Pour financer leurs premiers pas, Armani aurait même vendu sa Volkswagen, geste souvent cité comme symbole du pari qu’ils prenaient.
Leur collaboration dépassait la simple association professionnelle. Sergio Galeotti est décrit comme l’allié qui croyaît à la vision d’Armani avant beaucoup d’autres. Leur relation, à la fois pragmatique et passionnée, a posé les bases émotionnelles et opérationnelles d’une maison devenue l’une des plus influentes au monde.
La perte, le deuil et l’impact sur la maison Armani
La trajectoire commune s’interrompt tragiquement en 1985 : Sergio Galeotti meurt à 40 ans. Le motif officiel mentionné est une « insuffisance cardiaque ». Cependant, des témoignages publiés ultérieurement évoquent des complications liées au sida. Ces éléments divergent dans les récits et il est important de souligner la prudence : la version officielle reste celle de l’insuffisance cardiaque, tandis que d’autres sources, parfois postérieures, évoquent un contexte différent.
Giorgio Armani a exprimé à plusieurs reprises l’ampleur de sa douleur. Il a été cité disant : « Une partie de moi est morte avec lui. » Après la disparition de Galeotti, le créateur a dû alterner entre le chagrin personnel et la responsabilité de maintenir l’entreprise en marche. Cette épreuve personnelle a marqué son comportement et sa direction : plusieurs observateurs notent que cette perte a renforcé sa rigueur et sa résilience à la tête de la maison.
Armani n’a jamais totalement effacé la présence de Galeotti. Il a conservé des objets et des souvenirs, dont une photo souvent mentionnée comme restée près de lui. Pour le créateur, la mémoire de son partenaire a continué d’alimenter une part de son inspiration, ainsi qu’une exigence discrète dans la gestion de son entreprise.
Une histoire d’amour et de stratégie
La relation entre Giorgio Armani et Sergio Galeotti ne se limite pas à un récit d’amour ; elle est aussi un élément structurant de l’histoire commerciale de la marque. Sergio apparaissait comme le pilier financier et l’organisateur capable de transformer une vision créative en succès commercial. Giorgio, de son côté, se consacrait à la création et à l’esthétique qui allaient définir l’identité de la maison.
Cette complémentarité a porté des décisions concrètes : lancement de collections, structuration de l’entreprise, recherche d’un positionnement sur le marché international. Leur association a permis de métamorphoser un nom et un talent en une marque de portée mondiale.
L’héritage émotionnel et professionnel
Trente ans après la disparition de Galeotti, l’histoire du duo reste souvent évoquée pour expliquer la dimension intimement personnelle derrière l’empire Armani. L’héritage se lit dans la pérennité de la marque, mais aussi dans le récit humain qui l’accompagne : loyauté, dévouement et une complémentarité rare entre création et gestion.
Si certains aspects de la fin de la vie de Sergio demeurent sujets à interprétation selon les sources, le rôle central qu’il a joué dans les débuts d’Armani est largement admis. Leur histoire rappelle que les grands projets portent souvent l’empreinte d’alliances discrètes et déterminantes, et que derrière une maison de couture se cachent parfois des trajectoires personnelles intenses et décisives.


