Le 17 octobre dernier, la Cour d’assises du Tarn a rendu son verdict : Cédric Jubillar a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, Delphine, dont le corps n’a jamais été retrouvé.
Un procès sans corps, une condamnation lourde
La décision intervient après la disparition de Delphine Jubillar, 33 ans, vue pour la dernière fois le 15 décembre 2020 près d’Albi. Depuis la nuit de sa disparition, ses deux enfants, Louis et Elyah, ont été confiés à leur tante maternelle.
Le 1er décembre, la Cour d’assises du Tarn a pris une mesure décisive à l’égard du père. Elle a « ordonné le retrait total de l’autorité parentale de M. Jubillar Cédric sur son fils mineur, Jubillar Louis (…) et sa fille mineure, Jubillar Elyah ». Concrètement, cela prive l’accusé de toute capacité à intervenir dans les décisions concernant leurs vies quotidiennes, scolaires ou administratives.
Par ailleurs, la cour a déclaré l’homme de 38 ans « entièrement responsable » du préjudice subi par ses deux enfants et l’a condamné à verser 50 000 euros à chacun d’eux « à titre de provision ». D’autres parties civiles doivent également être indemnisées, parmi lesquelles l’ex-amant de Delphine et plusieurs membres de sa famille.
Les enfants au cœur du procès : témoignages et conséquences
Depuis la disparition de leur mère, Louis et Elyah grandissent sous la garde de leur tante maternelle, qui a la charge de préserver leur quotidien dans un contexte difficile. Louis, aujourd’hui âgé de 11 ans, s’est exprimé au cours du procès par une lettre manuscrite, lue par la présidente de la cour.
« Madame la présidente, je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir », a-t-il écrit, détaillant des punitions infligées par son père. Le jeune garçon évoque des corrections physiques — être agenouillé sur des LEGO, des fessées après avoir baissé son pantalon — ainsi que des insultes répétées. Ces éléments ont été versés au dossier au titre du récit enfantin des souffrances subies.
Concernant la soirée de la disparition, Louis a relaté une vive altercation entre ses parents. Il a expliqué : « J’ai entendu Cédric ouvrir la porte de sa chambre pour rejoindre maman dans le salon et une dispute est survenue. Pour qu’ils arrêtent, j’ai jeté un lego dans le couloir. Cédric est venu me voir, je faisais semblant de dormir et après je me suis rendormi pour de vrai. » Ces souvenirs personnels ont marqué le jeune garçon, déjà en bas de l’adolescence.
Marqué par ces événements, Louis a exprimé le souhait de changer de nom de famille. Il aurait déclaré vouloir abandonner le patronyme « Jubillar », lequel, selon lui, « est trop difficile à porter ». Ce désir illustre l’impact psychologique durable que le dossier a eu sur les enfants.
Situation de l’accusé et mesures complémentaires
Cédric Jubillar reste détenu à la prison de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne). Le tribunal a assorti sa condamnation de l’obligation d’indemniser plusieurs parties civiles, au-delà des deux enfants, conformément aux demandes formulées lors du procès.
L’absence du corps de la victime demeure une donnée majeure du dossier. Malgré la condamnation prononcée par la Cour d’assises du Tarn, le corps de Delphine n’a pas été retrouvé, ce qui continue d’alourdir l’énigme autour de sa disparition.
Les décisions prises par la cour — retrait de l’autorité parentale, condamnation pécuniaire à titre de provision et autres indemnisations — visent à protéger les intérêts des deux mineurs et à reconnaître le préjudice qu’ils ont subi. La mise en œuvre pratique de ces mesures relève des services compétents et de la famille concernée.
La « l’affaire Jubillar » reste l’une des affaires judiciaires les plus suivies ces dernières années, en raison des zones d’ombre qui persistent et de l’impact humain considérable sur les proches, en particulier les enfants.


