Le 17 octobre 2025 aurait marqué le 91e anniversaire de Sylvie Joly. Dix ans après sa disparition, l’actrice et humoriste reste une figure du rire français, dont la carrière atypique — de l’avocate devenue comédienne — continue d’inspirer plusieurs générations d’artistes.
Un décès en 2015, un combat contre la maladie
Sylvie Joly est décédée le 4 septembre 2015. Son époux, Pierre Vitry, avait alors déclaré : « Elle s’est éteinte d’un arrêt cardiaque en fin de nuit, à notre domicile à Paris ». Elle luttait depuis environ cinq ans contre la maladie de Parkinson, selon les informations publiées à l’époque.
Cette reconversion réussie, d’une formation initiale d’avocate à une carrière d’humoriste, lui a valu une place singulière dans le paysage comique français. Elle a laissé derrière elle de nombreux admirateurs, et ses funérailles avaient attiré un public nombreux, mêlant personnalités du spectacle et anonymes.
Des obsèques remarquées et des hommages émouvants
Les obsèques se sont tenues à l’église Saint-Sulpice, où de nombreux grands noms du rire et du spectacle s’étaient réunis. Parmi les personnalités présentes figuraient Pierre Palmade, Muriel Robin, Chantal Ladesou, Jean-Paul Gaultier, Jean-Pierre Mocky et Gad Elmaleh, aux côtés de proches et d’anonymes venus rendre un dernier hommage.
Si l’office demeura principalement silencieux et recueilli, certains murmuraient entre eux des passages des sketches de Sylvie Joly, une façon discrète de saluer celle dont l’humour soufflait souvent sur des détails du quotidien.
Les discours prononcés lors des funérailles ont été marqués par la tendresse et la gratitude. Son petit-fils a déclaré : « J’aimerais que tu reviennes, je penserai toujours à toi, je t’aime ». Son fils, Grégoire, a rendu hommage à la mère et à la « bosseuse acharnée » qu’elle fut : « On est tous là pour te rendre hommage, tu nous as tant donnés ». Il a également mentionné les nombreuses réactions et messages reçus sur les réseaux sociaux après l’annonce du décès par son mari.
Sa fille Mathilde a parlé d’une mère omniprésente malgré son absence : « Tu étais une superwoman du rire. Tu n’es plus là où tu étais mais tu es partout où je suis ». Elle a rappelé des souvenirs cocasses, comme celui de sa mère qui « mettait de l’eau tiède dans les ballons d’eau pour les faire exploser sur les gens sans les vexer ».
Une influence durable sur le one-woman-show
Sylvie Joly est souvent citée comme l’une des pionnières du one-woman-show en France. Son approche du sketch, fondée sur l’observation du quotidien et des personnages inventés, a inspiré des humoristes comme Muriel Robin et Florence Foresti. Elle est aussi associée à la découverte de talents tels que Pierre Palmade et Dany Boon. Alex Lutz, qu’elle avait dirigé au Théâtre des Mathurins en 2005, la considérait comme une figure maternelle dans la profession.
Un an après sa disparition, Pierre Palmade a monté le spectacle hommage « Elles se croient toutes Joly ». Pour l’enregistrement au Théâtre de Paris, il a réuni ce que la presse a décrit comme la fine fleur de l’humour : Anémone, Carole Bouquet, Catherine Hiegel, Valérie Karsenti, Michèle Laroque, Valérie Lemercier, Alex Lutz, Valérie Mairesse, Claire Nadeau, Muriel Robin et Mathilde Vitry.
Le souvenir d’un mentor selon Pierre Palmade
Pierre Palmade n’a jamais caché l’importance de Sylvie Joly dans son parcours. Dans une interview au Monde en 2019, il a raconté : « C’est la première personne célèbre qui m’a regardé et m’a dit : ‘OK, on va travailler ensemble.' » Il expliquait que cette reconnaissance avait été un déclic pour lui, assez fort pour le déraciner de Bordeaux et l’inciter à poursuivre la scène.
Il se souvenait aussi de son geste spontané d’entrer dans la loge de Sylvie Joly : « Ce n’est pas du culot, c’est du somnambulisme, comme un instinct, une attraction, une évidence : il fallait que j’aille la voir. » Palmade soulignait le même regard sur la vie qu’il pensait partager avec elle et la capacité de la comédienne à faire ressortir l’extraordinaire du banal.
Dix ans après sa mort, le souvenir de Sylvie Joly perdure, entre l’affection des proches, la reconnaissance des pairs et l’influence sur la scène comique française. Sa manière d’aborder l’humour — subtile, observatrice et souvent tendre — continue d’être évoquée par ceux qui l’ont connue et par ceux qui revendiquent son héritage artistique.
