Ce 17 décembre 2025, Maxime Chattam était l’invité d’Augustin Trapenard dans La Grande Librairie, sur France 5, pour présenter 8,2 secondes, son nouveau thriller psychologique paru chez Albin Michel. L’apparition était très attendue : le roman, intense et construit dans l’urgence, témoigne d’une période personnelle particulièrement troublée pour l’auteur.
Une année de rupture et de deuil
Auteur incontournable du thriller français, Maxime Chattam a toujours mêlé écriture et intime. Mais 8,2 secondes semble cette fois directement nourri par les épreuves récentes qu’il traverse. Publié le 5 novembre 2025, le livre a été rédigé en à peine deux mois, après l’abandon d’un projet précédent.
Dans plusieurs entretiens, l’écrivain a évoqué une année sombre marquée par des pertes en série. La mort de son père, puis celle de son meilleur ami en l’espace de quelques semaines, l’ont profondément ébranlé. À ce deuil s’est ajoutée la séparation d’avec Faustine Bollaert, mère de leurs deux enfants, Abbie et Peter, après quinze années de vie commune.
Sans entrer dans les détails de cette rupture, que les deux protagonistes ont choisi de préserver, Chattam a reconnu que sa « vie personnelle a basculé d’un coup ». Ce séisme intime l’a conduit à déménager, à se séparer d’objets chargés de souvenirs et à revoir complètement son quotidien. Il dit avoir perdu 25 kilos, repris le sport et découvert une passion pour la cuisine, autant de tentatives visibles pour reprendre la main sur sa vie.
Écrire comme urgence et refuge
Face à la tourmente, l’écriture s’est imposée comme un refuge et une nécessité. 8,2 secondes est né de cette urgence émotionnelle. Le titre, choisi par l’auteur, est parlant : « 8,2 secondes, c’est le temps qu’il faut pour tomber amoureux. C’est aussi le temps qu’il faut pour mourir. »
Le roman se présente comme un diptyque et suit deux femmes très différentes. Constance, scénariste en proie au deuil, vit recluse dans un chalet au bord d’un grand lac, à la frontière canadienne. May, jeune policière new-yorkaise, traque un tueur en série surnommé « le Grand Méchant Loup » tout en tentant de préserver une histoire d’amour naissante. Entre ces deux trajectoires, un secret se dévoile lentement et maintient la tension jusqu’à la dernière page.
Si l’on retrouve les codes habituels de Chattam — suspense soutenu, noirceur et manipulation du lecteur — 8,2 secondes prend une tonalité résolument plus introspective. Le roman explore le deuil, la solitude, la culpabilité et la reconstruction. L’auteur joue sur des rythmes contrastés : des chapitres courts et nerveux pour New York, une narration plus lente, sensorielle, dans les grands paysages lacustres.
Une voix transformée, deux héroïnes choisies
Le choix d’articuler le récit autour de deux héroïnes n’est pas anodin. Maxime Chattam a expliqué que s’exprimer par des personnages féminins lui a permis d’abattre certaines barrières et d’accéder plus directement aux émotions et aux failles intimes. C’était une manière, selon lui, de dire l’indicible sans se mettre frontalement en scène.
Écrit dans l’urgence mais maîtrisé dans sa construction, 8,2 secondes apparaît comme une étape dans la carrière de l’écrivain. C’est aussi, au sens littéral, un moyen de transformer une douleur personnelle en récit travaillé et suspendu.
Sur le plateau de La Grande Librairie, Chattam n’était pas seul : figuraient également Benjamin Lacombe, Laurent Mauvignier, Laurine Roux et Clara Dupont-Monod. Au-delà de la promotion, sa présence a permis de rappeler la place que peut tenir la littérature quand tout vacille : un phare, un point d’ancrage, une manière de donner forme à ce que la vie vient déraciner.


