Depuis la réapparition d’une séquence vieille d’une dizaine d’années, le débat sur le consentement et la mémoire des violences présumées a repris de la place dans l’actualité people. La vidéo montre l’humoriste Ary Abittan embrassant Laury Thilleman sur le plateau des Enfants de la télé, un geste que l’ancienne Miss France a qualifié d’imposé et qui, selon elle, lui a laissé un traumatisme persistant.
Laury Thilleman raconte un malaise ancien
En découvrant ces images, Laury Thilleman a livré une déclaration forte quelques jours après la diffusion de la séquence. « Je redécouvre ces images 14 ans après. J’avais 20 ans, j’en ai aujourd’hui 34 mais le traumatisme est intact. À l’époque j’avais honte, je me sentais humiliée, objectisée, impuissante … comme pour faire bonne figure je tente d’en rire comme tout le monde autour de la table. Mais je ne consens pas », a-t-elle confié.
Elle a ajouté : « À l’époque je n’ai rien dit, je n’ai rien fait, par peur, par honte. Parce que le consentement il y a 14 ans, on n’en parlait pas. Je ne souhaite à personne ce qui est arrivé. Alors au nom de toutes celles qui n’ont pas pu faire entendre leurs voix, je souhaite faire entendre la mienne ».
Ces mots ont relancé les questions sur la responsabilité des personnalités publiques face à des gestes enregistrés et sur le délai parfois long entre l’événement et la prise de parole des victimes ou des personnes concernées.
Pierre Ménès sceptique sur le timing des révélations
Invité de l’émission le Jet de Luxe, animée par Jordan de Luxe, le journaliste Pierre Ménès est revenu sur cette affaire. Le présentateur lui rappelle la diffusion de la vieille vidéo : « Ary Abittan ça a fait beaucoup parler récemment avec cette vieille vidéo qui a resurgi où il embrassait Laury Thilleman, qui s’est plainte ».
Pierre Ménès a réagi en soulignant le temps écoulé : « Douze ans après », a-t-il lancé. Puis, interrogé sur le droit de Laury Thilleman à s’exprimer, il a développé son point de vue : « Je sais pas, douze ans, ça me paraît long quand même. Pour quelqu’un qui se dit humilié, si tu attends douze ans pour sortir ça, moi, je sais pas. Quand tu es humilié, tu es humilié tout de suite. » Jordan de Luxe a alors suggéré une explication liée au manque de courage ou de force à l’époque : « Peut-être qu’elle n’avait pas le courage ou la force de le dire tout de suite ». Pierre Ménès a répondu : « Peut-être, mais entre ne pas avoir le courage de le dire tout de suite et douze ans, il y a de la place quand même ».
Ses commentaires ont été perçus comme sceptiques par une partie du public, d’autant que la parole des femmes victimes de gestes non consentis est souvent ralentie par la honte ou la peur.
Les implications judiciaires et professionnelles pour Ary Abittan
Sur le plan personnel et professionnel, Pierre Ménès a précisé ne pas entretenir de liens étroits avec l’humoriste : « C’est un mec que j’ai été voir en spectacle une ou deux fois. On a dû faire une émission ensemble. Il me fait plutôt marrer. » Il a aussi évoqué l’affaire judiciaire visant Ary Abittan, en affirmant que « l’avocat de la victime était [son] avocat », tout en précisant ne pas détenir d’informations confidentielles.
Le journaliste a rappelé les décisions de justice : « Moi, tout ce que je vois, c’est le résultat. Deux fois, il a eu un non-lieu. » Il a insisté sur les conséquences médiatiques et professionnelles pour l’acteur : « Impossible de faire du cinéma ».
Ménès a conclu en dénonçant le traitement médiatique et populaire qui perdure malgré les décisions de justice : « Et moi, je vois à chaque fois qu’il y a un truc sur lui, sur X, le déferlement de haine. C’est-à-dire que le mec, il a eu deux non-lieu, mais ils vont continuer à le traiter de violeur. Donc c’est un petit peu à désespérer de la justice, quoi ».
Rappel des faits judiciaires
Sur le plan judiciaire, la chronologie des accusations et des décisions est précise. En octobre 2021, une femme de 23 ans a accusé Ary Abittan de viol, alléguant des pratiques sexuelles non consenties au cours d’une soirée chez lui, alors que les deux se fréquentaient depuis plusieurs semaines. L’humoriste avait alors été placé en garde à vue et mis en examen pour viol.
Après près de deux ans d’instruction, les juges d’instruction ont levé les charges et la justice a prononcé un non-lieu en avril 2024, estimant que les éléments disponibles ne suffisaient pas à renvoyer le comédien devant un tribunal. Un second non-lieu a été rendu par la cour d’appel de Paris en janvier 2025, après l’appel de la plaignante.
La réapparition de la séquence avec Laury Thilleman ajoute une dimension médiatique à une affaire déjà marquée par des procédures judiciaires. Elle relance le débat sur la temporalité de la prise de parole des victimes, la perception publique des accusations et la frontière entre le jugement médiatique et les décisions rendues par la justice.


