Philippe Vandel, invité du Buzz TV le mercredi 29 octobre 2025, est venu présenter son livre Dico Français Français (éditions Kéro). Au cours de cet entretien, le journaliste de 63 ans est aussi revenu sur l’actualité récente de la radio, pointant particulièrement le départ de l’humoriste Marie s’infiltre de l’antenne de France Inter.
« Langue de bois » et mise en scène des communiqués
Interrogé sur l’annonce relayée par Le Parisien, selon laquelle Marie s’infiltre allait dorénavant « se consacrer pleinement à sa tournée », Philippe Vandel n’a pas mâché ses mots. Pour lui, cette formulation est un exemple type de « langue de bois » : « Ça, c’est la langue de bois pour ne pas dire ‘on la vire’. C’est du storytelling où on met un élément positif dans la phrase. C’est ça la langue de bois journalistique », a-t-il lancé.
Vandel a ainsi dénoncé l’art du communiqué publicitaire qui, selon lui, emballe une décision de programmation en y ajoutant un angle positif. Il a utilisé le terme anglais « storytelling » pour désigner cette tactique narrative qui, dans son analyse, masque la réalité d’un renvoi ou d’un retrait d’antenne par une formulation plus rassurante.
Retour sur une longue carrière et des interviews qui marquent
Au-delà de ce commentaire sur l’actualité des radios, l’entretien a été l’occasion pour le journaliste de se pencher sur sa propre carrière et ses rencontres. Vandel a évoqué son expérience d’intervieweur, en particulier la méthode qu’il appliquait lorsqu’il travaillait à France Info et animait l’émission Tout et son contraire.
Il a précisé sa routine de montage : « Pour faire une émission d’un quart d’heure, j’enregistrais 25 minutes pour enlever les redites, les questions qui n’ont pas marché, etc. Mais quand je voyais qu’il n’y avait rien je faisais durer l’interview. » Cette pratique montre le soin apporté à la sélection des séquences et à la construction d’un propos audible et cohérent pour l’auditeur.
Dans le lot de ses expériences, Philippe Vandel a cité deux entretiens qui restent pour lui les plus difficiles : l’un avec la chanteuse Jenifer et l’autre avec le politique Nicolas Dupont-Aignan. À propos de la première, il a raconté un échange qui l’a particulièrement déconcerté.
« Ma pire Interview ? Je ne l’ai jamais racontée », a-t-il commencé, avant de détailler : « Jenifer, j’ai fait 55 minutes d’interview. » Selon lui, le problème n’était pas l’impolitesse mais une forme d’étrangeté dans les réponses. Il relate des répliques précises qui l’ont laissé sans ressources pour approfondir : « Je lui dis : ‘Dans cette chanson vous racontez ça’ et elle me dit : ‘Oui, mais ce n’est pas moi qui l’ai écrite’. Alors je dis : ‘D’accord, mais comment vous avez choisi le texte ?’ Elle me répond ‘Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, c’est une équipe’. »
Cette distance entre l’artiste et son propre album a posé un réel défi journalistique. « Elle ne répondait pas à côté, mais c’est comme si elle était étrangère à son propre album. C’était ça qui était difficile. Ce n’est pas grave, on a réussi à monter 15 minutes. » Le constat est à la fois lucide et teinté d’un léger embarras : Vandel dit apprécier la chanteuse mais s’être senti « un petit peu gêné » face à la pauvreté du matériau.
Un ton franc, sans polémique gratuite
Tout au long de l’entretien, le journaliste a adopté un ton direct, parfois un brin acerbe, sans pour autant chercher la polémique gratuite. Sa critique de la formulation de France Inter relève d’un constat sur les pratiques de communication médiatique. Quant à ses souvenirs d’interviews difficiles, ils illustrent surtout les aléas du métier : trouver la matière, susciter des réponses intéressantes, et, parfois, faire avec ce que l’on obtient.
Présent sur Buzz TV pour défendre son Dico Français Français, Philippe Vandel a profité de l’occasion pour livrer ces remarques avec le recul d’un professionnel de longue date. L’entretien a aussi été partagé sur les réseaux : « Une publication partagée via Instagram » figure parmi les éléments associés à la diffusion, signe de la double vie – antenne et médias sociaux – qui accompagne désormais ces rencontres médiatiques.
