Nathalie Saint-Cricq se retrouve au centre d’une polémique après une formulation jugée réductrice et stigmatisante. Le lundi 8 décembre 2025, La France insoumise (LFI) a annoncé saisir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), après un échange diffusé le 3 décembre où l’éditorialiste a évoqué la « quête du ‘vote musulman’ » en lien avec des propos antisémites supposés tenus par certains élus.
Le contexte de l’échange
Lors du débat du 3 décembre, Nathalie Saint-Cricq a interrogé Alexis Corbière au sujet des accusations d’antisémitisme qui visent régulièrement LFI. L’ancien député de Seine‑Saint‑Denis, qui a quitté le parti l’an dernier, a reconnu que l’antisémitisme demeurait « un problème sérieux en France ». C’est au cours de cette intervention que la journaliste a évoqué l’idée selon laquelle certains responsables politiques pourraient proférer des propos antisémites dans l’espoir de séduire l’électorat musulman, parlant de la « quête du ‘vote musulman’ ».
Alexis Corbière a réagi fermement à cette formulation : « Je trouve cela intolérable. Les musulmans n’ont pas besoin qu’on leur tienne des propos antisémites pour qu’ils votent pour quelqu’un. Je ne sais pas d’où vient cette idée que pour avoir les musulmans avec soi il faudrait être antisémite », a‑t‑il déclaré.
LFI saisit l’Arcom
Dans la foulée, LFI a adressé un courrier à l’Arcom, dénonçant ce qu’elle considère comme une « essentialisation profondément problématique ». Selon le parti, ces propos « assimilent des millions de citoyens français à un groupe dont les choix électoraux seraient déterminés par une complaisance supposée envers l’antisémitisme ». LFI juge « un tel amalgame infondé, dangereux et incompatible avec les valeurs républicaines comme avec les obligations du service public audiovisuel », rapporte l’Agence France‑Presse.
La saisine de l’Arcom marque une étape officielle dans le conflit, transférant la controverse du terrain des réseaux sociaux et de l’opinion publique vers celui de la régulation audiovisuelle.
Les explications et les excuses de Nathalie Saint‑Cricq
Face à la montée de la polémique, Nathalie Saint‑Cricq a publié une mise au point et des excuses sur X (anciennement Twitter). « Si mes propos – tronqués – ont pu heurter certains, j’en suis désolée. Pour clarifier, voici l’extrait du débat avec Alexis Corbière, le 3 décembre », a‑t‑elle écrit en accompagnement d’un extrait vidéo. Le message comportait la mention suivante : pic.twitter.com/DG1Lu2F4L2.
Dans la séquence publiée, elle précise : « Je ne mets pas en question les Français de confession musulmane, nos compatriotes, je mets en question les politiques qui utilisent et qui manient l’antisémitisme en imaginant pouvoir rafler du vote. Point. Il n’y a rien d’autre. Si ça avait été le cas, ça aurait été inqualifiable. Je mets en cause et je maintiens qu’il y a des partis politiques qui jouent avec le feu. »
Cette explication visait à recentrer le débat sur les responsables politiques et non sur une communauté. Néanmoins, elle n’a pas suffi à apaiser la controverse : l’échange et la mise au point ont suscité de vives réactions en ligne et parmi les observateurs, certaines voix estimant que la formulation initiale n’était pas sans conséquence en termes de stigmatisation.
Ce que dit la controverse
La confrontation met en lumière plusieurs enjeux : la responsabilité des journalistes dans la formulation des questions, la sensibilité des sujets liés aux communautarismes et aux appartenances religieuses, et la vigilance des partis politiques face à toute suggestion d’instrumentalisation électorale. La saisine de l’Arcom permet par ailleurs d’inscrire le débat dans le cadre des obligations du service public audiovisuel.
Sur le plan factuel, les éléments rapportés restent circonscrits à l’échange du 3 décembre, à la réaction d’Alexis Corbière et à la réaction officielle de LFI, qui a transmis son courrier à l’Arcom, selon l’AFP. Nathalie Saint‑Cricq a présenté des excuses publiques et diffusé l’extrait du débat pour clarifier son propos.
Cette affaire illustre la rapidité avec laquelle un angle de questionnement peut se transformer en polémique nationale, en particulier lorsqu’il touche des sujets sensibles comme l’antisémitisme et la place des communautés dans le débat politique.


