Le 30 août 2025, le Pôle Culture de Chirongui accueillait l’élection de Miss Mayotte 2025, destinée à désigner la représentante de la région pour Miss France. Si la jeune Kamillat Hervian a finalement été couronnée, la cérémonie restera surtout marquée par des incidents techniques et la colère d’un représentant de l’organisation Miss France, dont l’intervention a largement éclipsé le reste de la soirée.
Des problèmes techniques et une diffusion annulée
La soirée a dérapé dès le début. Les portraits des candidates, prévus pour être projetés sur l’écran géant de la salle, ne sont jamais apparus. À la dernière minute, la retransmission de l’événement par la télévision locale a également été annulée, privant le public hors de la salle de la cérémonie.
Face à ces défaillances logistiques, la frustration a augmenté dans une salle déjà tendue. L’origine exacte des problèmes techniques n’a pas été précisée publiquement par les organisateurs, qui ont par la suite présenté des excuses dans un communiqué diffusé le lendemain.
La prise de parole musclée d’un représentant de Miss France
Parmi les invités figurait Bérenger Mirc, un membre de l’organisation Miss France, venu accompagner Angélique Angarni-Filopon, Miss France 2025. Selon les témoins présents, il a pris la parole publiquement pour dénoncer non seulement le manque d’organisation de la soirée, mais aussi la situation générale des infrastructures à Mayotte.
Ses propos, parfois vifs, ont mêlé critique locale et appel aux autorités. Il a d’abord relevé les difficultés techniques en salle, déclarant : “Culturellement parlant, que vous n’ayez pas d’infrastructures, que vous n’ayez pas accès à la culture qu’on a en métropole, je l’entends”. Puis la teneur de son intervention s’est durcie : “Ce soir, on a la chance d’être dans une salle qui est sympa. S’il y a besoin d’aide en régie, j’y vais volontiers. Mais ce à quoi j’assiste m’attriste profondément”.
Dans la foulée, il a élargi ses critiques à l’état général de Mayotte, évoquant les conséquences du cyclone Chido qui a touché l’île en décembre 2024. Il a poursuivi : “Lorsque je circule sur votre île, j’ai parfois l’impression de ne pas être en France. Je ne sais pas ce que fait l’État pour Mayotte mais si quelqu’un m’entend dans les hautes sphères, s’il vous plaît, réveillez-vous, il est temps de faire quelque chose pour cette île de l’Océan Indien qui est française comme peut l’être la Corse, Rhône-Alpes ou Midi-Pyrénées. Je ne devrais pas avoir l’impression de rouler en Inde quand je suis chez vous. C’est catastrophique. J’ai l’impression d’être dans un autre monde”.
Ces phrases ont suscité des réactions contrastées dans l’assistance. Plusieurs personnes ont salué l’indignation affichée sur le plan des moyens et de la solidarité après le passage du cyclone, tandis que d’autres ont estimé la forme excessive pour un événement festif et culturel.
Réactions officielles et conséquences
Du côté de la direction nationale, la réaction n’a pas tardé. Interrogé par BFMTV, Frédéric Gilbert, président de la société Miss France, a reconnu que Bérenger Mirc était “sorti du cadre”. Il a aussi estimé que la soirée n’avait pas été “au niveau de ce qu’on peut attendre d’un concours régional”.
Sur le plan local, la crise a débouché sur des conséquences concrètes : Benucci Attoumani, le délégué régional de Miss Mayotte, a démissionné de son poste le lundi 1er septembre 2025. Le Comité Miss Mayotte a, quant à lui, publié un communiqué d’excuses le lendemain de l’élection, reconnaissant les manquements organisationnels et regrettant le déroulement de la soirée.
La couronne remise à Kamillat Hervian n’en reste pas moins officielle. Mais l’incident a placé la prochaine représentation de Mayotte pour Miss France sous le signe des interrogations sur les conditions matérielles et le soutien apporté à l’île, au-delà du simple cadre du concours de beauté.
À ce stade, les autorités locales et la direction de Miss France n’ont pas communiqué de plan détaillé pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent lors des futures élections régionales. Les questions soulevées par la prise de parole publique du représentant national — notamment l’état des infrastructures post-cyclone — pourraient toutefois relancer le débat sur l’aide et l’accompagnement institutionnel destinés à Mayotte.