C’était il y a presque un an : le 14 décembre 2024, Angélique Angarni-Filopon était sacrée 95e Miss France. À 34 ans, elle devenait la Miss la plus âgée de l’histoire du concours et offrait à la Martinique un premier titre national, depuis l’élection organisée au Futuroscope. Un an plus tard, le bilan médiatique de son règne apparaît singulièrement discret.
Un règne marqué par l’absence
La lauréate a peu investi l’espace public depuis son couronnement. Si ses premières semaines post-sacre ont généré l’essentiel de sa visibilité, les mois suivants ont été nettement plus calmes. Selon l’entourage, près de 70 % de ses apparitions officielles se seraient déroulées dans les quinze jours suivant son élection. Depuis, et avec l’accord de la société Miss France, elle a réduit ses sorties.
Cette invisibilité rappelle d’autres périodes de retrait connues dans l’histoire du concours. En 2020, Clémence Botino avait été moins présente, justifié à l’époque par les confinements liés à la pandémie de Covid-19. Pour Angélique Angarni-Filopon, la cause évoquée n’est pas sanitaire, mais liée à une polémique suivie d’attaques personnelles.
Polémiques, mains courantes et menaces
En janvier, la jeune femme a déposé des mains courantes, après avoir reçu des centaines de menaces de mort, selon les informations rapportées. La tension est née d’une intervention donnée le 8 janvier sur Sud Radio, durant laquelle elle a refusé de se prononcer en faveur de Charlie Hebdo, dix ans après les attentats. Ce silence revendiqué a suscité une vive polémique sur les réseaux et dans la presse.
Par ailleurs, sa réserve sur l’affaire de Mazan — jugée par la condamnation de 51 hommes pour le viol de Gisèle Pélicot, mentionnée par les médias — a aussi été relevée et commentée. Ces éléments ont contribué à une exposition médiatique brusque, puis à un repli protecteur, selon ses proches.
Réactions internes et défense du comité
Contactés par Le Parisien, plusieurs cadres de TF1 et de la société Miss France se sont montrés critiques envers la gestion de cette année. « Cette année, on ne joue pas à Où est Charlie ? Mis à Où est Miss France ? » raille l’un d’eux, selon le quotidien. Un autre interlocuteur, interrogé sur la prudence autour du sujet, a reconnu la sensibilité du dossier : « Vous allez vraiment écrire dessus ? C’est un sujet brûlant la disparition de la Miss. »
De son côté, Frédéric Gilbert, président du comité Miss France, a pris la défense d’Angélique Angarni-Filopon. S’il admet que « on a moins vu » la lauréate cette année, il met ce constat sur le compte d’une raréfaction des « émissions d’accueil » permettant aux Miss de se présenter au public. Il déplore la multiplication des programmations : « les 17 soirées de la Star Academy, les 17 de The Voice, les 20 de L’amour est dans le pré et de Koh-Lanta », argumente-t-il, pour expliquer que les occasions de plateaux sont moins nombreuses.
Le président insiste cependant sur le fait que la Miss a tout de même participé à plusieurs rendez-vous médiatiques. « Elle a participé à Quotidien, à un JT, à plusieurs jeux », affirme-t-il, listant quelques apparitions qui attestent d’une présence, certes réduite.
Une organisation en mutation et des conséquences
Plusieurs voix ont aussi pointé l’impact du départ de responsables historiques. L’absence de Sylvie Tellier — ancienne directrice longtemps considérée comme la « papesse » du concours — aurait pesé, estiment certains. Cindy Fabre, qui lui a succédé, a elle aussi quitté ses fonctions depuis. Ces mouvements en interne seraient, pour certains observateurs, un facteur supplémentaire d’instabilité autour du rôle et de la visibilité des reines de beauté.
Interrogations publiques et décisions privées se croisent donc dans le bilan de cette année. L’entourage d’Angélique Angarni-Filopon assure que la stratégie de moindre exposition a été réfléchie et motivée par la volonté d’éviter que chaque interview ne la ramène systématiquement aux controverses. « Elle a été échaudée. Elle craignait que chaque interview (la) ramène à Charlie, et elle refusait d’être résumée à celle », confie un proche.
À un mois de l’élection de Miss France 2026, la question revient : la prochaine lauréate sera-t-elle plus présente et médiatiquement exposée que sa prédécesseure ? Le concours fournira une réponse rapide, lors de la prochaine soirée d’élection.


