Miss France 2025 à Amiens (6 décembre) : Foucault anime sa 31e élection, jury présidé par Michèle Bernier — polémique sur le male gaze et la représentation féminine

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Ce samedi 6 décembre 2025, en direct depuis le Zénith d’Amiens, la France découvrira la nouvelle Miss France lors d’une soirée très attendue. Jean‑Pierre Foucault animera l’émission pour la 31e année consécutive, accompagné de Thierry Baumann qui assurera le rappel des consignes de vote pour la 15e année.

Le jury, présidé cette année par l’actrice Michèle Bernier, réunit des visages mixtes entre glamour et médias : la mezzo‑soprano Axelle Saint‑Cirel, l’ancienne Miss France Camille Cerf, le journaliste Bruce Toussaint, les humoristes Philippe Caverivière et Tom Villa, ainsi que la vidéaste Sally. Au terme de la soirée, le nom de la candidate qui succédera à Angélique Angarni‑Filopon, couronnée l’an dernier à 34 ans, sera annoncé.

Une édition sous tension et déjà critiquée

À quelques heures de l’événement, les polémiques habituelles entourant le concours refont surface. Cette semaine, Enora Malagré a de nouveau fustigé l’élection en déclarant : « Vingt ans que je réclame la suppression de ce concours agricole », expression cinglante destinée à dénoncer un spectacle qu’elle juge anachronique.

Les critiques adressées à Miss France ne sont pas nouvelles, mais elles reflètent des fractures sociales persistantes. Pour certains, l’émission incarne un format dépassé qui continue de présenter les femmes comme des objets de comparaison, alignées et classées selon des critères esthétiques normés. Pour d’autres, la critique manque de nuance et occulte des évolutions perceptibles au fil des ans.

Le concours au prisme du féminisme : entre rejet et réappropriation

Pour analyser ces tensions, la rédaction a contacté Sarah Banon, doctorante en sciences politiques à l’Université Paris 8 – Vincennes Saint‑Denis et chercheuse en études féministes. Selon elle, réduire le débat à une opposition binaire — féministes contre Miss France — ne rend pas compte de la complexité actuelle : « Le concours est devenu un véritable terrain de lutte interne au féminisme, révélant des sensibilités multiples, parfois en conflit, parfois en cohabitation. »

Sarah Banon rappelle que les mouvements féministes ont historiquement entretenu des rapports conflictuels avec les concours de beauté. Elle mentionne notamment la protestation contre Miss America en 1968, où des militantes incitèrent à jeter dans les « Freedom Trash Cans » des objets associés à la mise en condition de la féminité. Si, comme le note la chercheuse, rien n’a réellement été brûlé, l’image médiatique de l’époque a cristallisé une représentation stigmatisante des féministes.

Dans le débat contemporain, deux lignes de fracture se dessinent. D’un côté, les opposantes voient dans Miss France l’institutionnalisation du « male gaze » et une reproduction des schémas hétéronormés : « Miss France est un concours qui institutionnalise le male gaze », estime Sarah Banon. De l’autre, des féministes prônant l’empowerment perçoivent l’élection comme une tribune potentielle : visibilité médiatique, accès à des prises de parole et possibilité de transformer ou d’infléchir le récit public.

Miss France, laboratoire de normes esthétiques

Au‑delà des débats féministes, le concours fonctionne comme un observatoire des normes esthétiques en France. Les images diffusées massivement, désormais amplifiées par les réseaux sociaux, participent à la construction d’un idéal féminin, même temporaire. « Les standards mobilisés par les concours de beauté ont une influence due à la massification de la diffusion des images du concours », souligne Sarah Banon.

En 2019, Sylvie Tellier s’étonnait dans La Provence : « Je m’aperçois qu’il y a peu de blondes dans le top 5 depuis quelques années. Je ne sais pas pourquoi. On m’a expliqué que les petites filles s’identifient plus à une ‘Vaiana’ qu’à une ‘Cendrillon' ». Cette remarque illustre la manière dont les représentations évoluent, parfois imperceptiblement, sous l’effet des médias et des cultures populaires.

Ces dernières années, les lauréates — dont Eve Gilles et Angélique Angarni‑Filopon — ont parfois été perçues comme des signaux d’une légère évolution. Sarah Banon observe que, sans renier totalement les anciens canons, le concours semble tenter d’élargir son spectre : ouverture progressive en âge, profils plus sportifs, acceptation de parcours variés et, désormais, parfois des candidates ayant eu un enfant.

Reste que les silhouettes longilignes et les morphologies conformes aux canons traditionnels restent majoritaires, et que les candidatures hors normes sont encore rares. Le palmarès continue ainsi de refléter, dans une large mesure, ce que la France croit devoir montrer de la féminité.

Ce samedi soir, l’élection dira une nouvelle fois quelque chose de la société : ce qu’elle approuve, ce qu’elle questionne et ce qu’elle fantasme. Miss France ne représente peut‑être plus la totalité de la femme française, mais elle demeure un révélateur des contradictions collectives.

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