Regarder une interview deux décennies après l’avoir donnée peut être révélateur et gênant. C’est l’expérience qu’a partagée Lorie Pester en remontant une séquence où elle apparaît comme invitée d’un duo télévisuel devenu culte : Laurent Fontaine et Pascal Bataille. Les présentateurs, qui ont repris récemment l’antenne sur W9 avec Y a que la vérité qui compte, avaient reçu la chanteuse en 2001, quand elle avait 19 ans et cartonnait auprès du jeune public.
Le souvenir qui dérange
Dans cet extrait d’une émission diffusée à l’époque de Y a pas photo, Pascal Bataille interroge la jeune Lorie sur « les trucs qu’elle n’accepterait pas » de faire pour « aider (sa) carrière ». Sa réponse, sèche et immédiate, est restée mémorable : « Ce que vous êtes en train de penser en ce moment ». La réplique provoque alors l’hilarité générale en plateau, mais résonne différemment aujourd’hui pour l’interprète d’« A vingt ans ».
En partageant la séquence sur son compte Instagram, Lorie Pester a confié être « en choc » face à ces images. Elle se décrit « jeune, pleine de rêves » et rappelle qu’on la testait déjà « sur des terrains glissants ». Avec le recul, elle estime « s’en être pas trop mal sortie » et note combien la situation lui semble problématique aujourd’hui.
Des animateurs « pas du tout cool »
Dans la vidéo qu’elle a postée, la chanteuse critique le comportement des deux présentateurs : « Je vois une jeune fille face à deux mecs qui posent des questions un peu gênantes. Quand j’y repense… Vu que j’étais une fille, jeune, chanteuse, il y a vraiment des présentateurs qui n’ont pas du tout, du tout, du tout, du tout été cool. Ils veulent faire du buzz, de l’audience ». Ces mots traduisent une prise de conscience de l’artiste sur la manière dont les personnalités publiques pouvaient être interrogées et exposées à leur insu.
Lorie conclut sur une note positive d’évolution : « Que les choses changent aujourd’hui, que les femmes prennent plus la parole, se laissent moins faire, c’est bien ». Cette observation s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question des pratiques médiatiques et de la place des femmes dans les médias.
Contexte et résonances
Le duo Bataille-Fontaine, d’abord connu pour Y a pas photo entre 1997 et 2002, a connu un retour à l’antenne avec Y a que la vérité qui compte sur W9. Ces formats, populaires à l’époque, misent souvent sur des séquences fortes et des réactions pour capter l’audience. Pour des jeunes artistes comme Lorie en 2001, la pression et le traitement médiatique pouvaient laisser des traces.
La mise en lumière de ce passage a aussi fait écho à d’autres témoignages d’artistes. L’article rappelait qu’il y a quelques mois, Lara Fabian avait évoqué un traumatisme lié à une interview donnée à Thierry Ardisson et Laurent Baffie. Ces différentes révélations forment un ensemble de voix qui questionnent les pratiques d’interroger et d’exposer des invités sur des terrains sensibles.
Pour Lorie Pester, la rediffusion de cette interview agit comme une scène révélatrice d’une époque et de ses dérives potentielles. Sa réaction publique montre à la fois la distance prise par l’artiste et son souhait de voir évoluer les rapports de pouvoir à l’antenne.
Un regard critique sur le passé
La publication de ces images sur Instagram met en lumière un double mouvement : la nostalgie du passé médiatique et la critique de comportements qui paraissent aujourd’hui déplacés. Plutôt que de se contenter d’un simple souvenir, Lorie a choisi d’exprimer son malaise et d’interroger la manière dont les jeunes femmes étaient interrogées à l’époque.
Si l’émotion suscitée par la séquence est individuelle, elle s’inscrit dans une discussion collective sur la responsabilité des médias. La réaction de l’artiste illustre la volonté, pour certaines personnalités, d’utiliser leur notoriété pour repenser les normes d’interview et pousser vers une meilleure protection des invités, en particulier des plus jeunes.
Au-delà de la scène elle-même, ce retour sur images souligne combien les archives télévisuelles peuvent se transformer en preuves, en leçons ou en rappels nécessaires. Pour Lorie Pester, revoir cette intervention a été un choc, mais aussi une occasion de constater des progrès et d’appeler, implicitement, à une pratique plus respectueuse et à l’écoute des personnes invitées à s’exprimer.


