La controverse née du passage de Jordan Bardella dans l’émission Quelle Époque !, animée par Léa Salamé sur France 2, continue de susciter des réactions dans les médias. Invité de l’hebdomadaire samedi dernier, le président du Rassemblement national a vivement critiqué le montage de son interview sur LCI, estimant que le montage avait déformé ses propos.
« On peut faire dire tout et n’importe quoi à quelqu’un avec un montage », a déclaré Jordan Bardella, ajoutant qu’il s’était retrouvé « sur un plateau de télévision du service public sous les moqueries d’un certain nombre d’observateurs ». Il a aussi regretté que ses arguments n’aient pas été traités sur le fond.
Le débat relancé sur le plateau de TBT9
Ces critiques ont été reprises jeudi 18 décembre 2025 sur le plateau de Tout beau tout neuf (TBT9), l’émission de Cyril Hanouna. Le présentateur et ses chroniqueurs ont saisi l’occasion pour questionner la posture de Léa Salamé et, plus largement, la neutralité du service public audiovisuel.
Sur le plateau, Cyril Hanouna a lancé le débat en suggérant que Léa Salamé devait se montrer « triplement prudente » lorsqu’elle reçoit « quelqu’un qui ne vient pas du bord politique de son compagnon ». Pour illustrer sa réflexion, il a proposé des exemples provocateurs : « Demain, Jordan Bardella a une fiancée. Cette fiancée a un talk-show sur France 2. Est-ce que c’est possible ? »
La question a déclenché des réponses nettes de la part des chroniqueurs. Matthieu Delormeau a répliqué sans hésiter par la négative : « Non ». Hanouna a ensuite étendu l’argument en évoquant d’autres figures de droite : « Demain, le candidat de la droite, je sais pas, Xavier Bertrand, Bruno Retailleau, a une fiancée. Laurent Wauquiez, sa femme. Elle a un talk-show sur France 2. Est-ce que ça passe ou pas ? »
Accusations d’inclinaison politique et défense personnelle
Matthieu Delormeau est allé plus loin et a décrit Léa Salamé comme affichant une forme de « détestation » envers Jordan Bardella, rappelant qu’elle est « mariée à quelqu’un de gauche » et œuvrant sur le service public, qui selon lui devrait être neutre. Il a aussi jugé que son image publique avait changé : « Tu dis que c’est ton amie, je trouve que c’était une excellente journaliste. Aujourd’hui, je trouve que c’est une bobo parisienne. Ça se voit dans l’action. »
Face à ces critiques, Cyril Hanouna a tenu à tempérer le propos en se déclarant personnellement proche de Léa Salamé. « Je l’adore, c’est vraiment une copine », a-t-il affirmé, louant son talent : « Franchement, je l’aime bien et je trouve beaucoup de talent pour moi. C’est une des seules qui a beaucoup de talent encore dans le paf. »
Hanouna a aussi mis en avant une distinction entre l’attitude perçue à l’antenne et le comportement privé de la journaliste : selon lui, l’impression d’un positionnement idéologique serait en partie « l’influence de ce plateau et de ces gens qu’elle a autour du plateau ». Il a conclu en défendant l’image qu’il se fait de Léa Salamé : « Mais crois-moi, dans la vie, Léa Salamé, elle est tout sauf ça. »
Sur Twitter, l’extrait a été relayé, accompagné d’un court texte : « Léa Salamé doit faire triplement attention quand elle reçoit quelqu’un qui n’est pas du même bord politique que son compagnon » Êtes-vous d’accord ? #TBT9 pic.twitter.com/BhUmDC79VX ».
La séquence illustre la sensibilité du débat autour de la neutralité des journalistes et du service public, une question qui revient régulièrement dans le paysage médiatique français. Ici, l’échange s’articule autour de deux axes : la présomption d’un parti pris supposé à l’antenne et la défense d’une journaliste par un pair qui atteste de sa conduite hors plateau.
Les accusations de montage formulées par Jordan Bardella renvoient, elles, à une critique plus technique de la production audiovisuelle : il s’agit de savoir si le montage a pu modifier le sens d’un propos et si, à ce titre, la responsabilité éditoriale a été pleinement assumée. Dans son intervention, Bardella affirme que ses arguments de fond n’auraient pas été traités, tandis que les protagonistes de TBT9 débattent surtout de la posture et de l’image de la journaliste.
Au-delà des comptes rendus et des échanges vifs, la séquence pose une fois encore la question des frontières entre vie privée et profession, et de l’exigence de neutralité sur les antennes publiques. Le débat est loin d’être tranché et continuera sans doute d’alimenter les discussions à mesure que de nouvelles diffusions et réactions émergeront.
