Figure médiatique du paysage intellectuel français pendant plusieurs décennies, Gérard Miller est au cœur d’une information judiciaire pour des faits graves. Mis en examen en octobre 2025 pour des faits de viols et d’agressions sexuelles, le psychanalyste a été placé sous contrôle judiciaire. Une décision récente de la justice a néanmoins autorisé, de manière temporaire et strictement encadrée, un déplacement à l’étranger — un séjour à Venise — qui a relancé le débat médiatique et suscité l’indignation de parties civiles.
Les chefs d’accusation et la procédure en cours
Selon les éléments portés par l’instruction, les faits reprochés à Gérard Miller s’étendraient sur une période allant des années 1990 aux années 2010. Plusieurs femmes ont déposé plainte auprès du parquet de Paris, et certaines plaignantes ont indiqué avoir été mineures au moment des faits allégués. L’information judiciaire a été ouverte après examen des plaintes et des éléments recueillis par le parquet.
Après sa mise en examen, en octobre 2025, la justice a placé Gérard Miller sous contrôle judiciaire. Ce dispositif vise à garantir le bon déroulement de l’enquête tout en laissant la personne mise en cause libre, sous conditions. Parmi les obligations figurent notamment l’interdiction d’entrer en contact avec les plaignantes, l’interdiction d’exercer certaines activités professionnelles, le versement d’un cautionnement et l’interdiction de quitter le territoire français sans autorisation préalable du juge.
La mesure de contrôle judiciaire n’a pas été levée dans son principe et l’instruction se poursuit sous l’autorité des juges d’instruction. Les investigations comprennent des auditions, des actes d’enquête et l’analyse des éléments versés au dossier.
Une autorisation exceptionnelle pour un séjour familial à Venise
Avant sa mise en examen et la mise en place du contrôle judiciaire, Gérard Miller avait réservé des billets d’avion et un appartement pour un séjour à Venise, prévu pendant la Toussaint, avec son épouse et ses deux enfants, rapporte le magazine ELLE. N’ayant pas pu effectuer ce voyage après son placement sous contrôle judiciaire, il a saisi les juges d’instruction afin d’obtenir une mainlevée partielle et temporaire de l’interdiction de sortie du territoire.
Le 9 octobre 2025, les juges ont autorisé ce déplacement pour cinq jours, du 27 au 31 octobre, malgré l’avis défavorable du parquet de Paris. Dans ses réquisitions, le parquet expliquait que le contrôle judiciaire venait d’être prononcé et qu’il convenait de s’assurer que M. Miller s’y conforme avant d’envisager un assouplissement. Le parquet a aussi relevé que le premier versement de la caution, d’un montant total de 65 000 euros, n’avait pas été effectué, ajoutent nos confrères d’ELLE.
Le parquet a enfin souligné que ce déplacement pouvait générer des frais supplémentaires susceptibles de compliquer la situation procédurale. Les juges, cependant, ont relevé que les billets et l’appartement avaient été réservés trois semaines avant la mise en examen. Ils ont estimé que, compte tenu de ces éléments, une dérogation limitée pouvait être accordée pour le court séjour demandé.
Cette décision a provoqué une vive réaction du côté des parties civiles. Marine Allali, avocate du cabinet Seban Avocats et partie civile, a exprimé son incompréhension auprès d’ELLE : « Habituellement, on a tellement de mal à obtenir ce genre d’assouplissement. Il y a des gens sous contrôle judiciaire à qui l’on refuse d’aller enterrer leur grand-mère à l’étranger ! Un tel aménagement, en trois jours, à but de loisir, ça n’arrive jamais ! C’est incompréhensible pour la victime que je représente et qui reste profondément marquée. »
Du côté judiciaire, il convient de rappeler que l’autorisation accordée est strictement limitée dans le temps et assortie de conditions destinées à préserver le bon déroulement de l’instruction. La levée partielle ne remet pas en cause l’existence du contrôle judiciaire ni les obligations fixées par les juges.
L’affaire reste active et les investigations se poursuivent. Les prochaines étapes de l’instruction dépendront des actes menés par les magistrats et des éléments nouveaux recueillis. Les décisions de la justice continuent d’alimenter le débat public, entre exigence de droits de la défense et préoccupation pour les victimes et leurs représentations.


