Un matin ordinaire au centre de tri TriGlaz, à Plouédern (Finistère), a basculé dans l’horreur lundi 8 décembre 2025. Vers 10 heures, un opérateur a découvert sur le tapis de tri manuel, alimenté par les poubelles jaunes, le corps sans vie d’un probable fœtus humain. La découverte a été confirmée à l’AFP par le procureur de Brest, déclenchant l’arrêt immédiat du site.
Un site à l’arrêt et des salariés profondément choqués
Le centre TriGlaz est géré par la SEML Sotraval, une société d’économie mixte locale placée sous l’égide de Brest métropole. Il traite les déchets ménagers de plusieurs territoires : le nord-Finistère, mais aussi des communes du Morbihan et des Côtes-d’Armor. Cette aire de collecte étendue complique la traçabilité des bennes et des tournées, point souligné par la direction.
« Notre opérateur est en état de choc, c’est une expérience particulièrement traumatisante », témoigne Ronan Pichon, président du conseil d’administration de Sotraval. Fabrice Jacob, lui aussi impliqué localement en tant que maire de Guipavas, décrit « un corps en état de conservation dégradé, paraissant d’un développement assez avancé ». Ces éléments proviennent des premiers constats, qui restent à préciser par l’expertise médico-légale.
Aussitôt alertée, la gendarmerie s’est rendue sur place et a mis le site à l’arrêt pour la journée. Les salariés, confrontés à une scène qualifiée de « digne d’un film d’horreur », ont bénéficié d’un accompagnement psychologique. « Il faudra remonter les tournées des camions, et cela pourrait prendre du temps tant les zones sont vastes », ajoute Ronan Pichon, évoquant la complexité opérationnelle pour identifier l’origine des déchets concernés.
Une enquête judiciaire ouverte pour faire la lumière
Le parquet de Brest, par la voix du procureur Stéphane Kellenberger, a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort. La brigade de recherches de la gendarmerie de Landerneau a été chargée des investigations. Les premières auditions et analyses sont en cours afin de reconstituer le parcours des déchets et d’identifier d’éventuels responsables.
Un examen médico‑légal doit déterminer avec précision s’il s’agit d’un fœtus en cours de développement ou d’un nourrisson né vivant et viable. La distinction est cruciale juridiquement et médicalement. Le procureur a insisté sur la sensibilité du dossier : « Toutes investigations utiles seront menées », a-t-il déclaré, rappelant que l’enquête visera à établir les circonstances exactes de ce drame.
Les résultats de l’autopsie et des analyses toxicologiques et génétiques permettront d’avancer sur trois axes : l’identification du sexe et de l’âge gestationnel approximatif, la datation de la mort et, si possible, la piste d’un acte volontaire. Les enquêteurs tenteront aussi de retracer l’itinéraire des ordures pour remonter jusqu’à la benne ou la tournée d’où provenaient les déchets incriminés.
Les autorités n’ont, à ce stade, communiqué aucune hypothèse privilégiée. Les premiers éléments publiés restent prudents et limités aux constats faits sur place, en attendant les résultats d’expertises qui pourront confirmer la nature exacte du corps retrouvé.
Un écho tragique à une affaire antérieure
Ce fait divers ravive le souvenir d’affaires similaires en Bretagne. En octobre 2023, à Rennes (Ille‑et‑Vilaine), un nouveau‑né avait été découvert dans une poubelle mais sauvé in extremis ; il avait survécu grâce à l’intervention rapide des services. Ici, l’issue est malheureusement funeste, et l’émotion est palpable au sein des équipes de TriGlaz et dans l’agglomération.
Les gendarmes poursuivent leurs auditions et leurs analyses. La procédure judiciaire se déroulera en plusieurs étapes, en fonction des conclusions médico‑légales et des éléments de traçabilité récupérés. Pour l’heure, la priorité affichée par les enquêteurs est d’établir les faits de manière rigoureuse et de respecter la sensibilité du dossier, tant pour les familles que pour les salariés concernés.


