C’est un ouvrage qui alimente déjà la controverse avant même sa sortie. Ce lundi 8 septembre, les éditions Vérone publient une enquête signée Hubert Guérin, présenté comme le dernier collaborateur de Geneviève de Fontenay. L’auteur affirme y avoir recueilli, sous anonymat, les témoignages d’une « soixantaine » d’anciennes Miss France ou prétendantes. Selon lui, plusieurs d’entre elles auraient décrit des faits d’agressions sexuelles, de harcèlement et, pour certains, des viols présumés. Ces allégations, graves et nombreuses, déclenchent depuis des réactions contrastées au sein du monde des concours de beauté et sur les réseaux sociaux.
Camille Cerf dément et saisit la justice
Sur le réseau X, samedi, Camille Cerf, élue Miss France 2015 et co-animatrice, a été la première à annoncer publiquement son intention d’engager une procédure contre Hubert Guérin. Elle conteste fermement les éléments avancés dans l’enquête, accusant l’auteur de mensonge. Dans son message, elle reproche notamment à Guérin d’affirmer s’être entretenu avec toutes les Miss France « encore vivantes ». « Je n’ai jamais discuté avec Hubert Guérin. Ce qu’il dit à mon sujet est faux et inventé de toutes pièces. Ses propos sont très graves et je ne compte pas le laisser faire », écrit-elle.
Camille Cerf ajoute que, pendant son année de règne et au cours des dix années suivantes, « l’Organisation Miss France m’a toujours protégée ». Par le biais de son annonce, elle marque son refus de voir sa réputation associée à des déclarations qu’elle qualifie d’infondées et annonce la voie judiciaire pour obtenir réparation. Cette prise de position a relancé le débat public autour des témoignages que présente le livre.
Le témoignage de Ludivine Langlois
Contactée par Le Parisien, une autre femme liée au milieu des concours a accepté de briser l’anonymat. Ludivine Langlois, qui n’a pas été élue Miss France mais a participé au concours en 2016, raconte son expérience. Sacrée Miss Nièvre, elle avait concouru pour Miss Bourgogne à l’âge de 19 ans. Elle explique que les révélations d’Hubert Guérin ont réveillé « des souvenirs enfouis ».
Ludivine décrit des messages privés répétitifs, envoyés par un homme se présentant comme photographe. Les exemples cités dans l’entretien sont explicites : « Tu es toujours vierge ? », « Jolies gambettes » ou encore « En tenue sexy, tu ne me laisses pas insensible lol ». Face à ces avances répétées, elle dit avoir toujours répondu par des refus nets : « Ça ne te regarde pas », « Non ». Malgré ces rejets, l’auteur présumé des messages a, selon elle, insisté et laissé entendre qu’il pourrait influencer son parcours dans le concours. « Il avait du pouvoir, me faisait comprendre que si j’acceptais ses invitations, il pourrait me favoriser à l’élection régionale », rapporte-t-elle.
La jeune femme évoque aussi un climat général qu’elle juge toxique : des propos dénigrants sur les candidates, une impression de mise au même niveau de toutes les participantes, et un sentiment constant de ne jamais être protégée. « Beaucoup de choses passent sous les radars », affirme-t-elle, résumant son malaise durant cette période.
La réaction du comité Miss Bourgogne
Interrogé par les médias à propos de ces allégations, le comité Miss Bourgogne a répondu de manière concise. La déléguée actuelle a expliqué être en poste depuis seulement deux ans et s’est déclarée dans l’incapacité de répondre sur des faits antérieurs à sa prise de fonctions. Elle a également précisé collaborer uniquement « avec des photographes femmes ». Cette réponse vise à mettre de la distance entre la direction actuelle du comité et les comportements reprochés par certaines anciennes participantes.
Les déclarations réunies autour de la sortie du livre d’Hubert Guérin ont déclenché un mélange d’accusations publiques, de démentis et de témoignages individuels. La juxtaposition d’une plainte annoncée par une Miss France, d’un récit personnel livré à la presse et d’une réponse institutionnelle partielle illustre la complexité du dossier.
Dans les prochains jours, la promesse d’actions judiciaires et les réactions d’autres protagonistes cités dans l’enquête devraient préciser le contour de cette affaire. Pour l’heure, les allégations relayées dans l’ouvrage restent, pour une part, fondées sur des témoignages anonymes et des récits vécus rapportés. Elles suscitent néanmoins une attention soutenue sur la manière dont les concours de beauté encadrent la protection des candidates.