« Je ne l’ai pas tuée » : c’est la ligne répétée par Cédric Jubillar depuis le début des débats. Peintre-plaquiste de 38 ans, il est jugé devant la cour d’assises du Tarn pour le meurtre de sa femme, Delphine Jubillar, portée disparue depuis le 15 décembre 2025. Le procès, ouvert le 22 septembre 2025, a vu défiler enquêteurs, experts, l’amant présumé de Delphine et d’autres proches. Jusqu’à cette audience, l’accusé n’avait pas encore été entendu par la cour. Cela a changé le vendredi 10 octobre 2025, jour où il a pris la parole pour la première fois en séance publique.
Une admission d’impulsivité, un démenti catégorique
Lors de son audition, Cédric Jubillar a manifesté une forte agitation. Les mains agrippées aux grilles de son box, le regard fixé sur la présidente de la cour, il a répété son innocence en des termes très fermes. Comme le rapporte Le Monde, il a déclaré : « Je ne l’ai pas tuée, c’est la certitude. Je n’ai jamais levé la main sur Delphine ».
Il admet en revanche être une personne « impulsive et nerveuse ». « Je redescends aussi vite que je monte dans les tours », a-t-il ajouté pour tenter d’expliquer certains comportements. Assis dans le box, il a multiplié les gestes nerveux — se grattant le crâne et le cou —, et ses réponses ont alterné entre des formules courtes et hésitantes : de nombreux « tout à fait », des « peut-être mais je ne me rappelle pas de cet épisode » ou des « pas du tout » ont ponctué l’interrogatoire mené par Hélène Ratinaud, présidente de la cour.
Relations conjugales scrutées et vocabulaire controversé
Interpellé sur la relation qu’il entretenait avec Delphine, l’accusé a tenté de dresser un portrait contrasté de son épouse : « C’était une femme aimante que j’ai aimée et puis voilà. » Il a reconnu employer des termes blessants, tout en relativisant : « Oui, je la traitais de ‘salope’, mais c’est un mot que j’emploie souvent, j’ai toujours été un vulgaire personnage ». Il a ajouté qu’il pouvait rabaisser son épouse, mais qu’il le faisait de façon générale envers beaucoup de monde : « c’est mon tempérament ».
Selon lui, ce comportement de « bad boy » aurait pu plaire à Delphine « au début », mais « à la fin, ça l’a saoulée ». Ces éléments viennent alimenter la complexité des relations conjugales exposées lors du procès, sans pour autant établir de lien direct avec la disparition et le meurtre reproché.
L’audition de l’accusé ce vendredi a été structurée en une dizaine de thèmes, selon la présidence de la cour. Celle-ci a précisé que l’interrogatoire se poursuivrait « une grosse partie de la journée de lundi ».
Me Alexandre Martin, avocat de Cédric Jubillar, a déclaré ne pas « craindre le faux pas d’un innocent » à propos de l’importance du long interrogatoire à venir.
Mourad Battikh, avocat d’une partie civile, s’est montré sceptique quant à une possible volte-face de l’accusé : il juge peu probable qu’il « passera aux aveux » et estime qu’il fournit des « réponses mécaniques depuis le début de ce procès », estimant qu’ »il y a très peu de chances qu’il change de couloir de nage ».
Un procès au long cours, des témoins au cœur du dossier
Depuis l’ouverture des débats, de nombreux témoins ont été entendus : enquêteurs, experts scientifiques, proches des époux et l’homme décrit comme l’amant de Delphine ont tous défilé à la barre. Le dossier mêle éléments techniques et témoignages personnels, et la parole de l’accusé s’inscrit désormais dans ce corpus d’éléments contradictoires.
L’audition de Cédric Jubillar donne au procès une dimension plus intime, en exposant au public et aux jurés la trajectoire d’un couple marqué par des tensions verbales et des comportements impulsifs. Mais, à ce stade des débats, ses dénégations répétées et la description qu’il donne de sa relation conjugale n’ont pas fait pencher la balance de façon décisive.
La cour d’assises du Tarn poursuivra les débats dans les jours à venir. L’interrogatoire de l’accusé doit reprendre lundi pour une nouvelle journée d’audition, tandis que les autres étapes du procès continueront à se dérouler selon le calendrier fixé par la présidence.


