Plus de quarante ans après le drame qui a bouleversé la France, l’affaire du petit Grégory connaît un nouveau soubresaut judiciaire. Jacqueline Jacob, grand-tante du garçonnet retrouvé mort dans la Vologne en 1984, doit de nouveau être entendue par la justice, selon une convocation prévue pour le vendredi 24 octobre devant le président de la chambre de l’instruction à la cour d’appel de Dijon. Cette nouvelle étape relance l’attention sur un dossier lourd de zones d’ombre et de rebondissements.
Le drame qui a marqué la mémoire collective
Le 16 octobre 1984, le corps de Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges. Le crime déclenche une enquête tentaculaire, ponctuée de rivalités familiales, d’accusations croisées et d’une médiatisation sans précédent pour l’époque.
Quatre décennies plus tard, la question demeure : qui a tué le petit Grégory et pourquoi ? L’énigme reste entière, et la figure du « corbeau » — l’auteur anonyme de lettres et d’appels menaçants — continue de hanter le dossier.
Une convocation qui relance l’enquête
À 81 ans, Jacqueline Jacob se retrouve au centre d’un nouveau volet procédural. La convocation du 24 octobre vise, selon les éléments rendus publics, à obtenir des explications sur des pièces et témoignages récemment réexaminés par les magistrats. La possibilité d’une mise en examen a été évoquée par la justice, sans que cette décision ne soit, à ce stade, formellement actée.
Cette audition intervient après des épisodes judiciaires précédents concernant la grand-tante. En 2017, elle avait été mise en cause pour « enlèvement et séquestration suivie de mort » et brièvement incarcérée. En 2018, la procédure avait été annulée pour vice de forme. Jacqueline Jacob a toujours nié toute implication et plaidé son innocence.
La voix du « corbeau » au cœur du dossier
Le nouvel élan de l’enquête s’appuie en grande partie sur un élément auditif et une vidéo d’archives. Dans cet enregistrement, un proche alors vivant de Jacqueline Jacob affirme avoir reconnu sa voix sur un message attribué au « corbeau ». Selon les images consultées par la justice, il aurait dit : « Ah, mais c’est la Jacqueline, ça ! » et, quelques semaines plus tard, il aurait confirmé en audition formelle qu’il reconnaissait son rire.
Ce témoignage archivistique a été jugé suffisamment troublant pour que les magistrats décident de rouvrir la voie d’investigations concernant la possible identité de l’écrivain anonyme. Reste que la reconnaissance vocale par un proche, a posteriori et via des archives, pose des questions d’interprétation et de fiabilité que la justice devra trancher.
Une audition capitale, aux objectifs clairs
L’objectif principal de cette convocation est double : confronter la principale intéressée à ces éléments sonores et vérifier sa capacité à expliquer ou contester la ressemblance alléguée. Les enquêteurs chercheront aussi à évaluer son comportement, sa mémoire et sa volonté éventuelle de coopérer.
Pour la famille de Grégory, qui attend des réponses depuis des décennies, chaque avancée judiciaire nourrit un fragile espoir. L’avocat de la famille a déclaré que « la seule attitude digne à adopter aujourd’hui » serait, selon lui, une prise de parole sincère de la part de Jacqueline Jacob. Cette formulation illustre la tension émotionnelle toujours présente autour de l’affaire.
L’enquête demeure complexe. De nombreux éléments factuels, techniques et humains ont été mis en lumière au fil des ans, sans jamais offrir une conclusion incontestable. Les magistrats devront, une nouvelle fois, peser la valeur probante d’anciens témoignages et d’enregistrements réexaminés à la lumière des méthodes actuelles.
Dans un dossier où le temps a effrité des souvenirs et où la médiatisation a souvent compliqué le travail des enquêteurs, cette nouvelle audition apparaît comme un jalon important. Elle ne garantit pas, à elle seule, une résolution définitive, mais elle marque une étape supplémentaire dans la quête de vérité autour du meurtre de Grégory Villemin.


