Jacqueline Jacob, 81 ans, a été convoquée vendredi à Dijon dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de son petit-neveu, a rapporté BFMTV et confirmé l’AFP. Suspectée d’avoir rédigé l’un des courriers de revendication envoyés aux parents du petit Grégory, elle reste bien entendu présumée innocente et nie catégoriquement les faits qui lui sont reprochés.
Les faits et les soupçons
Le drame remonte au 16 octobre 1984 : Grégory Villemin, âgé de 4 ans, avait été retrouvé noyé et ligoté dans une rivière des Vosges. Dans les jours qui suivirent, les parents, Jean‑Marie et Christine Villemin, reçurent plusieurs courriers de menaces ainsi que des appels téléphoniques anonymes. Ces éléments de harcèlement ont longuement alimenté l’enquête et la rumeur autour de l’affaire.
Depuis plusieurs années, Jacqueline Jacob se trouvait déjà dans le collimateur des enquêteurs. Elle avait été mise en examen en 2017, mais une anomalie de procédure avait alors interrompu les poursuites. Selon les informations relayées par BFMTV et l’AFP, de nouvelles expertises — notamment d’ordre technologique et graphologique — ont récemment permis aux enquêteurs d’identifier une possible implication la reliant aux courriers litigieux.
Par ailleurs, les magistrats la soupçonnent aussi d’avoir proféré des menaces par téléphone à l’encontre des parents Villemin. Sur ces points, elle rejette les accusations : elle affirme n’être l’auteure d’aucun des envois et n’avoir adressé aucune menace.
L’audition attendue à Dijon
La convocation à Dijon revêt un caractère important pour la suite de l’enquête. L’audition de la grande‑tante, qui a eu lieu vendredi, pourrait déboucher sur une nouvelle mise en examen. Selon les éléments divulgués, la justice pourrait retenir contre elle le chef d’”association de malfaiteurs criminelle” si les investigations confirment la participation d’un réseau ou d’une collusion de plusieurs protagonistes.
La procédure prévoit que l’audition se déroule soit sous le régime de la garde à vue, soit en audition libre. À l’issue de l’audition, les magistrats décideront des suites à donner : une mise en examen est possible, mais elle n’est ni automatique ni inéluctable.
Contactés par l’AFP, les avocats de Jacqueline Jacob ont réitéré la version de leur cliente. “Elle nous dit qu’elle n’a strictement rien à se reprocher, qu’elle n’a écrit aucun de ces courriers, que c’est n’importe quoi, que c’est farfelu”, ont-ils déclaré. Ces propos soulignent le clivage entre les indices réunis par l’enquête et le refus total de la mise en cause.
Une affaire toujours en suspens
Quarante et un ans après les faits, l’affaire Grégory reste loin d’un épilogue définitif. Les investigations successives ont mêlé mises en examen, revers judiciaires pour vice de procédure et espoirs d’avancées techniques. Les progrès en matière d’expertises graphologiques et d’analyse des traces numériques ont relancé certains volets de l’enquête, mais n’ont pas encore livré de vérité incontestable.
La justice s’est souvent montrée prudente sur ce dossier, évoquant la possibilité d’une “association” d’auteurs plutôt que l’acte isolé d’un seul individu. C’est sur cette hypothèse collective que s’appuie aujourd’hui l’examen des courriers et des appels anonymes.
L’audition de vendredi à Dijon constituera un moment clé : elle permettra aux magistrats d’interroger directement la principale intéressée et, si besoin, de décider d’une mise en examen ou d’autres mesures contraignantes. Dans l’immédiat, Jacqueline Jacob demeure présumée innocente et continue de nier l’intégralité des faits qui lui sont imputés.
La suite de la procédure devrait être précisée dans les prochains jours, une fois que les enquêteurs et la justice auront exploité les éléments recueillis lors de cette convocation.