Affaire Estelle Mouzin : l’État condamné pour faute lourde, 50 000 € accordés au père qui réclame toujours la vérité et le corps

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Le 9 janvier 2003 restera gravé dans la mémoire des proches d’Estelle Mouzin. Ce jour-là, la fillette de 9 ans disparaissait sur le chemin du retour de l’école à Guermantes (Seine-et-Marne). Pendant dix-sept ans, ses parents sont restés sans réponse avant que la piste de Michel Fourniret ne soit évoquée, entraînant une suite judiciaire longue et douloureuse pour la famille.

De la disparition à la piste Fourniret

Pendant des années, l’enquête sur la disparition d’Estelle a été marquée par des périodes d’espoir et d’impuissance. Ce n’est qu’au tournant de la décennie suivante que le nom de Michel Fourniret, tueur en série déjà condamné pour d’autres crimes, a été sérieusement examiné par les autorités.

En 2020, Fourniret a reconnu avoir tué l’écolière, une révélation majeure pour la famille Mouzin. Le suspect est décédé en 2021, emportant avec lui des éléments que beaucoup attendaient pour faire toute la lumière sur l’affaire. Son ex-compagne, Monique Olivier, a ensuite été jugée et condamnée en 2023 pour complicité de meurtre, une décision qui a confirmé l’implication de ce couple dans des faits graves mais n’a pas permis de retrouver le corps d’Estelle.

Le décès de Fourniret a laissé une frustration profonde : les aveux sont intervenus tardivement et aucun procès permettant d’éclaircir tous les détails n’a pu se tenir contre lui. Pour les proches, et singulièrement pour Eric Mouzin, le père d’Estelle, cette absence de vérité complète est une blessure ouverte.

Poursuite contre l’État et condamnation pour « faute lourde »

Le 11 juin dernier, Eric Mouzin a décidé d’assigner l’État, dénonçant une « faute lourde » et un « déni de justice ». Il reprochait aux services d’enquête d’avoir négligé la piste Fourniret pendant des années, alors que, selon lui, plusieurs indices auraient dû conduire plus tôt vers ce suspect.

Moins de trois mois après le dépôt de cette plainte, le tribunal judiciaire de Paris a rendu sa décision. Le 3 septembre, l’État a été condamné pour « faute lourde » dans la conduite de l’enquête sur la disparition d’Estelle. Les juges ont pointé du doigt un « manque de moyens humains » et plusieurs « dysfonctionnements » qui, selon eux, ont compromis l’efficacité des investigations.

La décision comporte une réparation financière : l’État devra verser 50 000 euros au titre du préjudice moral à Eric Mouzin. Ce montant symbolique vise à reconnaître la souffrance et l’atteinte subie par le père, qui n’a jamais retrouvé le corps de sa fille malgré des recherches intensives.

Réactions et espoirs de la famille

À la sortie du tribunal, l’avocat de la famille, Me Eric Seban, a salué la décision. « Cette décision est une satisfaction car c’est la reconnaissance de ce que nous disons depuis des années », a-t-il déclaré auprès de nos confrères de 20 Minutes. Il a souligné que « les mots employés par les juges sont forts » et qu’ils reflètent le combat de nombreuses autres familles en quête de réponses.

Pour autant, la réparation financière ne remplace pas la vérité complète ni la possibilité d’un deuil apaisé. Les proches d’Estelle conservent l’objectif de retrouver le corps de la fillette afin de pouvoir organiser des obsèques et entamer un processus de deuil. Ce geste judiciaire ouvre une nouvelle page, mais laisse intacte la douleur d’une famille privée de certitudes depuis plus de vingt ans.

Le jugement contre l’État met en lumière des lacunes structurelles dans la gestion de dossiers sensibles. Pour les observateurs et pour les proches d’Estelle, il s’agit d’un signal : la reconnaissance par la justice des erreurs passées peut conduire à des améliorations dans les méthodes d’enquête et dans l’allocation des moyens.

Dans l’immédiat, la condamnation est perçue comme une victoire morale pour la famille Mouzin. Elle confirme, juridiquement, que des manquements ont été commis. Reste désormais à transformer cette reconnaissance en actes concrets pour que d’autres familles ne vivent pas le même calvaire.

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