Emmanuel Macron pourrait être amené à nommer un nouveau Premier ministre après le vote de confiance demandé par François Bayrou à l’Assemblée nationale ce lundi 8 septembre 2025. Si le chef du gouvernement ne parvient pas à obtenir la majorité, il entraînera sa propre chute et celle de son cabinet, ouvrant la voie à un remaniement qui serait le quatrième en un an et le cinquième durant le second mandat présidentiel.
Le geste politique et le risque calculé de François Bayrou
François Bayrou, en poste à Matignon depuis le 13 décembre 2024, a choisi de mettre sa fonction en jeu en demandant un vote de confiance sur la question du déficit public et de l’effort budgétaire nécessaire pour le résorber. Conformément à l’article 49 alinéa 1 de la Constitution, il est intervenu à l’Assemblée nationale à 15 heures pour expliquer sa démarche.
Devant les députés, il a défendu son initiative en ces termes : “J’ai voulu ce rendez-vous et certains d’entre vous, les plus nombreux, les plus sensés probablement, ont pensé que c’était déraisonnable, que c’était un trop grand risque. Or, je pense exactement le contraire. Le plus grand risque était de ne pas en prendre, de laisser continuer les choses sans que rien ne change.”
Avant ce discours, le Premier ministre a également dénoncé, dans un entretien accordé à Brut, l’état des forces politiques françaises, évoquant des formations “en guerre civile les unes avec les autres” et estimant que ces forces allaient s’unir pour “abattre le gouvernement”. Malgré le pari élevé, François Bayrou a assuré n’avoir “aucun regret” d’avoir engagé sa responsabilité.
Réactions politiques et enjeu du vote
La prise de risque de François Bayrou a immédiatement déclenché des réactions en chaîne. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a souligné que la chute éventuelle du gouvernement ne résulterait pas d’une action extérieure mais d’un choix interne : “Ce n’est pas nous qui renversons ce gouvernement, c’est ce gouvernement qui a décidé lui-même de chuter”, a-t-il déclaré lundi après-midi, ajoutant qu’il s’agissait d'”une journée incertaine pour l’avenir du pays, mais très certaine sur l’issue du vote”.
Le contexte parlementaire est tendu : le débat porte sur l’ampleur des économies à réaliser et sur la méthode de redressement des comptes publics. Le vote de confiance, s’il échoue, entraînera automatiquement la démission du gouvernement et mettra le président de la République dans l’obligation de désigner un nouveau chef de gouvernement.
Qui pour succéder à Matignon ?
Selon Le Parisien, plusieurs noms circulent déjà pour succéder à François Bayrou si Emmanuel Macron doit procéder à un remplacement. Six personnalités seraient en tête des hypothèses, dont quatre membres actuels du gouvernement.
Parmi ces candidats figureraient Sébastien Lecornu, ministre des Armées ; Gérald Darmanin, ministre de la Justice ; Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé ; et Éric Lombard, ministre de l’Économie. Les deux autres personnalités évoquées par Le Parisien sont Xavier Bertrand, président des Républicains des Hauts-de-France, et l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Ces hypothèses montrent la diversité des profils considérés : des ministres en poste, perçus comme capables d’assurer la continuité, et des figures politiques nationales susceptibles d’apaiser certaines tensions. Aucun choix n’est toutefois assuré tant que le président n’aura pas pris sa décision.
La journée promet d’être décisive : les résultats du vote de confiance sont attendus aux alentours de 19 heures. Si François Bayrou obtient la majorité, il restera à Matignon et son gouvernement poursuivra son chemin. Dans le cas contraire, Emmanuel Macron devra rapidement choisir un successeur pour mener la seconde partie de son mandat.
Dans l’immédiat, la scène politique reste sous tension. Les prochains heures seront déterminantes pour l’exécutif et pour la trajectoire budgétaire annoncée. Les spéculations sur les profils pressentis pour Matignon illustrent l’enjeu : au-delà d’un simple changement de chef du gouvernement, c’est la stratégie de conduite des finances publiques qui est en jeu.