RMC Story diffuse ce 26 novembre 2025 Mesrine : l’instinct de mort, le film qui a valu à Vincent Cassel le César du meilleur acteur. Lors de la cérémonie en 2009, l’acteur avait surpris en terminant son discours par la diffusion d’un court extrait montrant son père, Jean‑Pierre Cassel, esquissant quelques pas de danse. Ce geste, à la fois délicat et intime, demeure l’un des premiers signes publics de vulnérabilité d’une star longtemps identifiée à une énergie brute. Aujourd’hui, Vincent Cassel revisite son passé et parle plus ouvertement des secousses qui ont façonné sa personnalité et sa carrière.\n\n
Un hommage discret à son père
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Le choix de montrer Jean‑Pierre Cassel lors du César de 2009 fut perçu comme un hommage personnel et mesuré. Jean‑Pierre Cassel, figure emblématique du cinéma français, est évoqué par son fils non seulement comme une icône, mais aussi comme un repère émotionnel. Cette séquence projetée à la fin du discours a surpris le public et a révélé, pour beaucoup, une face plus tendre du comédien.
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Ce geste a pris une valeur symbolique avec le temps : il marque la première prise de parole publique où la star laisse transparaître une forme délicate de sensibilité.
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Le pensionnat : une blessure fondatrice
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Invité de Sept à huit en janvier 2023, Vincent Cassel est revenu sur une période décisive de son enfance : son placement en internat, vécu comme un arrachement. « Je pense que j’ai été très vite livré à moi‑même, mais en tout cas pas là où j’avais envie d’être », confie‑t‑il. Il ajoute avoir été « un peu loin des [s]iens », une distance qui a nourri chez lui un sentiment diffus de manque.
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Sur l’internat, il ne mâche pas ses mots : « J’ai détesté. On a besoin d’amour au moment où on se construit. Et moi, je n’étais pas là où j’aurais voulu être, où j’aurais dû être ». Cette période, d’abord perçue comme un simple inconfort, prend avec les années la dimension d’un traumatisme dont il reconnaît aujourd’hui l’empreinte sur son comportement adulte.
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« Je ne me rendais pas compte à quel point j’étais en colère. C’était ma manière de me défendre. J’avais l’impression d’être un mec très équilibré », confie‑t‑il encore. La prise de conscience est survenue plus tard, au sein de ses relations amoureuses, quand il a observé « des réactions très impulsives » qui traduisaient un apaisement fragile. « C’est l’histoire d’une vie, de se remettre de nos traumatismes d’enfance », glisse‑t‑il avec philosophie.
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La Haine : un tournant et une vulnérabilité révélée
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Vincent Cassel n’avait que 28 ans lorsqu’il incarne Vinz dans La Haine. Le film, devenu un jalon du cinéma français, bouleverse aussi la trajectoire du comédien. Dans le podcast Le Code, il raconte un moment de dépression lié au succès soudain : « J’ai eu un petit moment de déprime. Un jour, je crois même que j’ai pleuré ». Le passage à la célébrité lui est apparu comme une rupture nette.
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« C’est arrivé plus vite que je ne l’imaginais. Je pensais avoir encore quatre ou cinq ans à ramer », confie‑t‑il. Du jour au lendemain, la notoriété modifie les regards et les rapports au monde. Si les projets se sont ensuite enchaînés, ce moment de vacillement reste pour lui un témoignage précoce d’une fragilité longtemps dissimulée derrière l’intensité de ses interprétations.
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Une psychanalyse de dix ans et la place du père
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Vincent Cassel a révélé dans Amuse Bouche qu’il suit une psychanalyse depuis près de dix ans. « Je contrôle beaucoup », admet‑il, reconnaissant aussi une tendance à « beaucoup [s]’autocentrer ». Puis, avec une forme d’autodérision, il précise : « Mais je me soigne ! Je suis en psychanalyse depuis pratiquement dix ans. On s’accroche à ce qu’on peut ». Ce travail intime l’a amené à revoir ses priorités.
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À 58 ans, il dit se concentrer davantage sur sa santé mentale, son corps qui change, et surtout sur ses enfants. Père de quatre enfants — deux filles avec Monica Bellucci, une fille avec Tina Kunakey et un garçon avec Narah Baptista — il insiste sur l’importance de garder la main sur son emploi du temps. Interrogé par Mouloud Achour, il confie : « je fais que des films à Paris pratiquement, sinon je rate les enfants ».
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Ces confidences dessinent l’image d’un homme qui, loin de se confondre avec le rôdeur impassible de ses personnages, s’efforce aujourd’hui de concilier intensité artistique et équilibre familial. Le passé continue de résonner, mais Cassel affiche une volonté claire d’apprivoiser ses blessures et d’assumer une sensibilité devenue partie intégrante de son récit public.


