Le Parquet national financier est désormais destinataire d’une plainte visant les activités de conseil du couple formé par Christian Estrosi et Laura Tenoudji, révèle Le Parisien. Selon le quotidien, le signalement a été déposé par un lanceur d’alerte anonyme, salarié de la société Smart Good Things Holding, et représenté par Me Guillaume Sergent. Ce dernier indique avoir également saisi le parquet de Marseille.
Les faits reprochés et la chronologie
La plainte, déposée contre X, évoque des soupçons d’ »abus de biens sociaux » et de « recel », d’après Le Parisien. Elle porte sur des honoraires qualifiés d’ »astronomiques », supérieurs à 1,5 million d’euros, versés entre mai 2024 et juin 2025 à Christian Estrosi, maire Horizons de Nice, et à son épouse, la journaliste Laura Tenoudji.
Point central du dossier : une rémunération de 960 000 euros versée aux deux sociétés du couple, Hopkins & Hopkins pour M. Estrosi et Startup Story pour Mme Tenoudji. Ces sommes seraient liées à un intéressement relatif à la vente rapide d’une filiale nommée Salva, cédée pour un montant de 50 millions d’euros.
Le signalement mentionne également d’autres montants qui prêtent à controverse : 192 000 euros attribués à Christian Estrosi et 360 000 euros à Laura Tenoudji. Me Guillaume Sergent, représentant du lanceur d’alerte, déclare qu’il s’interroge « sur la réalité des prestations effectuées par Christian Estrosi et Laura Tenoudji ».
La défense du couple et l’angle politique
La réaction des avocats de Christian Estrosi a été rapide et tonique. Me Pierre-Olivier Sur et Me Mathias Chichportich dénoncent ce qu’ils présentent comme une manœuvre politique : selon eux, il s’agit d’ »une boule puante à quelques mois des municipales ».
Ils affirment que leur client « exerce son activité dans le strict respect des règles » et qu’il ne perçoit « pas de salaire ou de commission autres que les sommes facturées par sa société ». Les conseils soulignent ainsi que les rémunérations en cause correspondent à des facturations effectuées au nom de la structure professionnelle de M. Estrosi.
À ce stade, la défense met l’accent sur le calendrier électoral pour relativiser l’origine et la portée du signalement. Aucun élément public ne permet pour l’instant de dire si la plainte déclenchera une enquête formelle du Parquet national financier ou du parquet de Marseille.
Ce qui reste à éclaircir
Plusieurs points essentiels restent à vérifier par la justice. D’abord, la nature exacte des prestations facturées par Hopkins & Hopkins et Startup Story. Le lanceur d’alerte remet en cause leur réalité ; la défense assure qu’il s’agit de prestations réelles et facturées.
Ensuite, la corrélation entre la cession de Salva, annoncée pour 50 millions d’euros, et les paiements perçus mérite un examen approfondi. La plainte décrit la rémunération de 960 000 euros comme un intéressement lié à cette vente, mais les documents contractuels et les justificatifs comptables devront être communiqués pour établir le lien de cause à effet.
Enfin, la qualification pénale retenue par la plainte — « abus de biens sociaux » et « recel » — dépendra de l’identification d’éléments laissant penser qu’il y a eu usage détourné de biens ou dissimulation. À ce stade, il s’agit d’allégations portées auprès du Parquet et non de constats judiciaires établis.
Les implications médiatiques et politiques
L’affaire prend une dimension politique évidente, d’autant que Christian Estrosi est une figure municipale connue et que la plainte survient en période pré-électorale. Dans l’espace public, l’association d’un élu et de sa conjointe à des rémunérations présentées comme élevées alimente un débat sur l’indépendance, la transparence et les limites des activités privées pour des responsables publics.
Pour l’instant, la procédure en cours se limite à un signalement transmis au Parquet national financier, complété par une saisine du parquet de Marseille selon Me Sergent. Aucune information publique ne confirme l’ouverture d’une enquête judiciaire approfondie ni la date d’une éventuelle instruction.
La suite dépendra désormais des vérifications que mèneront les magistrats. La presse et les avocats emporteront l’attention médiatique, mais seule la justice pourra trancher sur la réalité des faits et, le cas échéant, sur leur qualification pénale.


