Sophie Marceau fête ses 59 ans ce 17 novembre 2025. Révélée dans La Boum, devenue l’une des figures les plus populaires du cinéma français, elle reste présente sur les écrans, avec des rôles marquants dans L’Étudiante, Pour Sacha, Anna Karénine ou Braveheart, et l’inoubliable apparition en James Bond Girl dans Le Monde ne suffit pas. L’actrice doit aussi retrouver prochainement le public dans LOL 2.0, la suite signée Lisa Azuelos. Mais derrière la « petite fiancée des Français » se cachent des blessures liées à un tournage particulièrement éprouvant, qui a laissé une empreinte durable sur sa carrière et sa parole publique.
Un tournage cauchemardesque : Police et Maurice Pialat
Au milieu des années 1980, Sophie Marceau a 18 ans lorsqu’elle accepte le rôle dans Police, de Maurice Pialat, aux côtés de Gérard Depardieu. Ce qui devait être une étape décisive se transforme en une expérience traumatisante pour la jeune actrice. À l’époque, Maurice Pialat exerce un contrôle autoritaire sur ses plateaux. Selon les souvenirs rapportés par Sophie Marceau, il hurle, instaure une atmosphère de tension et humilie régulièrement les personnes présentes.
Elle n’était pas le choix initial du réalisateur, qui souhaitait Sandrine Bonnaire. La frustration de Pialat se serait alors retournée contre Sophie Marceau, répercutant sur elle des humiliations et un harcèlement moral répété. Le tournage est décrit comme chaotique : attentes interminables, réécritures de scènes au dernier moment et décisions techniques brusques. Dans une scène d’interrogatoire, Maurice Pialat aurait exigé que Gérard Depardieu gifle « pour de vrai » la jeune actrice. Les claques se multiplient et deviennent de plus en plus violentes, jusqu’à ce que Sophie Marceau finisse en larmes, épuisée par la violence physique et symbolique, qualifiée plus tard de « duo infernal ».
Quand elle évoque publiquement ces événements, Sophie Marceau parle de « colères, de rapports malsains, tout le tintouin sado-maso pervers ». La réaction de Maurice Pialat, relayée après coup, est virulente : à la radio sur Europe 1, il la traitera de « petite conne » et ajoutera, dans une attaque particulièrement crue, « enfin quand je dis petite, elle est plutôt grosse ». Il ira jusqu’à la qualifier de « personne la plus détestable » qu’il ait rencontrée au cinéma. Ces attaques publiques ont durablement marqué l’actrice et entaché son image auprès d’un milieu qui protégeait alors ses « monstres sacrés ».
Les accusations contre Gérard Depardieu et la résonance des mots
Sophie Marceau n’a jamais caché que le comportement de Gérard Depardieu avait aussi pesé lourd sur ce tournage. Dans un entretien publié en 2024 par Vogue, elle a repris la parole sur cette période : « À l’époque, on ne m’a pas écoutée… C’était moi le petit diable, ‘la grosse connasse’. Et ça n’a choqué personne ». Elle y décrit un acteur « mal élevé, mal poli », qui, selon elle, cherchait à dominer le plateau et à imposer un ordre informel.
Les souvenirs relatés incluent des gestes déplacés pendant des scènes intimes — des mains « insistantes sous les draps » — ainsi que des provocations humiliantes, comme des bruits ou des attitudes pouvant être perçus comme moqueurs (« pouet pouet sur les seins »), qui n’étaient pas prévus au scénario. Sophie Marceau cite également un épisode où l’acteur aurait mangé des escargots avant une scène, dans l’intention de lui infliger une haleine désagréable. Autour d’eux, l’ambiance du plateau est décrite comme complice et silencieuse : l’équipe rit et personne n’intervient.
Quand elle tente d’alerter, la jeune actrice se heurte à l’indifférence et aux attaques verbales : Gérard Depardieu la qualifie publiquement « d’abrutie ». Ébranlée, elle confiera plus tard qu’après ce tournage elle n’a « plus eu envie de tourner avec lui. Jamais ».
Quarante ans après ces faits, et alors que Gérard Depardieu fait face à une série d’accusations d’agressions sexuelles et de violences, le témoignage de Sophie Marceau acquiert une résonance particulière. Ce qu’elle dénonçait dès 1985, dans le registre du ressentiment et de l’intimité professionnelle, apparaît pour certains comme un signal initial qui n’a pas été suivi d’effets judiciaires ou institutionnels à l’époque.
Sophie Marceau a réaffirmé récemment son point de vue dans Paris Match : « Que tu sois Gérard Depardieu ou Maurice Pialat, tu ne traites pas les gens comme ça. Point barre ». Ces mots témoignent d’une volonté de mettre en lumière une pratique de pouvoir et d’humiliation sur certains plateaux, et d’exiger qu’un code de respect s’impose, quels que soient les noms et la stature des personnes impliquées.
Aujourd’hui, à 59 ans, l’actrice reste une figure populaire du cinéma français, mais ses confidences rappellent que les trajectoires publiques peuvent être marquées par des blessures invisibles. Son retour au cinéma, attendu avec LOL 2.0, s’inscrit ainsi dans une carrière longue et contrastée, faite de succès et d’épisodes personnels qui ont façonné sa parole publique.


