Le cinéma pleure l’une de ses grandes figures : l’annonce de la mort de Robert Redford a été relayée par le New York Times. L’acteur et réalisateur, fondateur du festival indépendant de Sundance, est décédé à 89 ans, laissant derrière lui une carrière de plusieurs décennies marquée par des succès critiques et populaires. On lui doit notamment des rôles dans Out of Africa, Les hommes du président, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, Gatsby le magnifique, L’arnaque ou encore Nos plus belles années, autant de titres qui ont contribué à installer sa légende à Hollywood et au-delà. Il a reçu deux Oscars : celui de la meilleure réalisation en 1980 pour Ordinary People et un Oscar honorifique en 2002 pour l’ensemble de sa carrière, selon les informations publiées par le New York Times.
Une jeunesse artistique à Paris
Bien avant de devenir l’un des visages les plus connus du cinéma américain, Robert Redford a entretenu un lien personnel avec la France. Dans une interview accordée aux Inrockuptibles en 2015, il racontait avoir passé sept mois à Paris en 1956, lorsqu’il était encore étudiant en art aux Beaux-Arts. « J’étais étudiant en art à Paris, et je n’avais pas d’argent. J’ai fait de l’autostop pour aller à Florence et y continuer mes travaux de peintre », confiait-il, revenant sur cette période formatrice.
Ce séjour européen illustre une trajectoire d’artiste qui commençait dans la peinture plus que devant la caméra. Redford évoquait sans détour sa précarité étudiante et son désir d’apprendre en voyageant, démarche qui nourrit encore aujourd’hui l’image de l’homme aux multiples talents : acteur, réalisateur et mécène culturel à travers le festival Sundance, qu’il a fondé et qui a profondément marqué le cinéma indépendant.
Un épisode monégasque et la rencontre manquée avec Grace Kelly
Parmi les anecdotes rapportées se trouve une histoire presque romanesque à Monaco. Arrivé sur le Rocher, Redford s’est amusé à tenter une rencontre avec la princesse Grace Kelly. Il expliquait s’être « mis sur mon 31 » et avoir demandé à quelqu’un de le photographier, marchant dans le palace à la recherche de l’actrice devenue princesse.
L’affaire ne s’est pas déroulée comme il l’espérait. Avec humour, il se souvenait : « Cette photo de moi, tout fier, existe toujours. Mais bien vite, un garde du palace est venu me rabrouer. ‘Dégage d’ici !’. Il y a donc une seconde photo de moi qui revient bredouille. » Ces mots peignent le contraste entre la jeunesse audacieuse du futur star et la réalité parfois humiliante des débuts de carrière.
Du peintre à l’icône américaine
Robert Redford a entamé sa carrière d’acteur au début des années 1960 : sa trajectoire à l’écran commence en 1960, quatre ans après son passage à Paris. Le tournant majeur survient en 1969, lorsqu’il partage l’affiche avec Paul Newman dans Butch Cassidy and the Sundance Kid de George Roy Hill. Le film contribue à faire de lui un sex-symbol et à lancer une renommée internationale durable.
Outre ses rôles emblématiques, Redford s’est illustré derrière la caméra. Sa carrière de réalisateur lui a valu la reconnaissance de ses pairs, avec notamment l’Oscar de la meilleure réalisation en 1980 pour Ordinary People. Puis, en 2002, l’Académie lui a remis un prix honorifique pour l’ensemble de sa carrière, soulignant son influence et son engagement envers le cinéma.
Il revenait parfois sur les chemins qu’il n’avait pas pris. Interrogé sur la possibilité d’être resté peintre à Paris, il avait répondu sans détour : « Si j’étais resté à Paris, je serais fauché. » Ce commentaire révèle une lucidité sur les choix de vie qui ont façonné sa destinée artistique et financière.
L’annonce de sa disparition, relayée par le New York Times, rappelle l’empreinte laissée par un homme qui a su conjuguer carrière d’acteur, activité de réalisateur et implication dans la promotion du cinéma indépendant. Entre anecdotes parisiennes et succès hollywoodiens, Robert Redford laisse une trajectoire riche et contrastée, accueillie aujourd’hui par le monde du cinéma avec une émotion à la hauteur de son influence.


