Richard Virenque fête ce 19 novembre 2025 ses 56 ans. Pour le grand public, il reste avant tout le grimpeur flamboyant des années 1990-2000 : sept fois maillot à pois du Tour de France, capable de déclencher l’enthousiasme dans les cols et de s’imposer comme une idole populaire du peloton français. Mais son nom demeure aussi étroitement associé à l’affaire Festina, le plus retentissant scandale de dopage du cyclisme français, qui a marqué durablement sa carrière et l’histoire du sport.
L’affaire Festina : le basculement
Tout a basculé en juillet 1998, trois jours avant le départ du Tour de France à Dublin. Willy Voet, soigneur de l’équipe Festina, est arrêté à la frontière franco-belge avec, selon les autorités, 400 flacons d’EPO, des hormones de croissance, de la testostérone et des corticoïdes dans son véhicule. L’équipe Festina est immédiatement exclue de la Grande Boucle et le peloton plonge dans une crise sans précédent.
Leader de l’équipe et figure majeure du cyclisme français, Richard Virenque se retrouve au cœur de la tempête. Pendant près de deux ans, il nie fermement les accusations, répétant qu’il s’était dopé « à son insu ». Ce refus obstiné deviendra même un ressort de la satire médiatique : les Guignols de l’info reprendront la formule culte « mais alors on m’aurait menti ? ».
Face à ces dénégations, Willy Voet le charge lourdement et l’accuse d’avoir organisé un trafic de produits entre coureurs. En octobre 2000, devant le tribunal de Lille, Richard Virenque finit par avouer s’être dopé « pour être au niveau ». Il écope d’une sanction qui, selon les comptes rendus de l’époque, est d’abord de neuf mois de suspension, sanction qui sera finalement portée à un an effectif.
La révélation et la suspension ont des conséquences immédiates sur sa carrière. Privé d’équipe, Virenque annonce une première retraite « contrainte et forcée » dès 1998, décision confirmée à l’époque par son frère Lionel. Ce revers ne met toutefois pas un terme définitif à sa trajectoire sportive.
Retour à la compétition et palmarès
Richard Virenque rebondit chez Polti en 2000. Il parvient à revenir au plus haut niveau et remporte encore deux maillots à pois, en 2003 et 2004, preuve d’une capacité de résilience remarquable après la tourmente judiciaire et médiatique. Le 14 juillet 2004, il signe une victoire à Saint-Flour qu’il qualifie, dix ans plus tard dans une interview à Cyclism’Actu, de « jour particulier pour moi ». Il met un terme définitif à sa carrière de coureur le 24 septembre 2005.
La renaissance médiatique
À peine plus d’un an après sa retraite, Richard Virenque opère une reconversion réussie vers le monde de la télévision. En avril 2006, il participe à la première saison française de Je suis une célébrité, sortez-moi de là ! sur TF1 — la version hexagonale d’I’m a Celebrity… Get Me Out of Here! — produite par Endemol et animée par Jean‑Pierre Foucault.
Il remporte l’émission, battant en finale Loana et Filip Nikolic, et s’impose comme le chouchou du public. Dans le jeu, il est perçu comme sympathique, courageux face aux épreuves et touchant lorsqu’il évoque ses enfants. Il participe à ce format au profit de l’association Le chêne et le roseau, ce qui contribue à adoucir son image publique après les scandales.
Ce succès télévisuel relance durablement sa visibilité médiatique. De 2005 à 2018, Virenque devient une voix récurrente sur Eurosport lors du Tour de France, aux côtés de commentateurs comme Jacky Durand et Patrick Chassé. Depuis 2011, il intervient régulièrement sur Europe 1, notamment dans Le Club Tour chaque soir de juillet. En fin d’année 2013, il participe également à la première saison d’Ice Show sur M6.
Vingt ans après avoir mis un terme à sa carrière cycliste en 2005, Richard Virenque a réussi à transformer l’une des plus lourdes humiliations du cyclisme français en une seconde vie médiatique. Sa victoire en télé‑réalité, suivie d’une présence régulière dans les médias sportifs et grand public, a contribué à redessiner son image auprès d’un large public, faisant de lui une figure toujours présente dans la mémoire collective du sport français.
