On connaît son rire franc, sa voix solaire et ses tubes devenus cultes. Mais derrière l’artiste publique, Princesse Erika révèle une bataille intime qui dure depuis plus de quarante ans : celle d’une mère aux prises avec la maladie psychiatrique de son fils Julien, aujourd’hui âgé de 41 ans. Invitée du podcast Psychik, présenté par Laurent Karila, la chanteuse a accepté de mettre des mots sur un long parcours familial marqué par l’incompréhension, l’inquiétude et l’errance diagnostique.
Des signes précoces à la première crise
Erika raconte que, dès l’enfance, « quelque chose sonnait différemment » chez Julien. Son comportement lui avait paru « à part », un ressenti qui s’est approfondi à l’adolescence. À 18 ans, le jeune homme a connu ce que la chanteuse décrit comme « une première bouffée délirante aiguë ». Cet épisode a été le point de bascule vers des années d’errance : hospitalisations, tentatives de compréhension et diagnostics successifs qui n’ont pas immédiatement apporté de réponse claire et durable.
Au micro de Psychik, elle revient sur un souvenir particulièrement marquant et traumatique pour la famille : « Il part et dans la nuit, on m’appelle pour me dire qu’on l’a retrouvé dans la rue, délirant, et qu’ils l’ont emmené à l’hôpital. Il disait qu’il était le Christ, qu’il était missionné, etc. »
À son arrivée aux urgences, Princesse Erika décrit un fils à la fois doux et souriant, mais totalement déconnecté de la réalité. Elle rapporte les échanges entre Julien et les médecins : « Les médecins lui disaient : ‘On va vous hospitaliser.’ Et lui disait : ‘Comme je suis un peu médecin, si je peux aider les gens, oui, j’y vais.’ » Ces paroles traduisent la confusion et la détresse qui accompagnaient ces crises.
Un quotidien façonné par l’angoisse et l’humour
Face au chaos, Erika et le père de Julien ont tenté de tenir. La chanteuse confie : « Avec son père, heureusement, on avait beaucoup d’humour. On riait, mais on était malheureux. » Cette phrase résume l’ambivalence d’un foyer où l’on cherche à préserver la légèreté et la tendresse, tout en affrontant une réalité lourde et incertaine.
L’hospitalisation du jeune homme n’a pas été brève. « Ils ont mis beaucoup de temps à le faire redescendre », confie la chanteuse, qui souligne aussi que l’espoir d’un épisode isolé s’est rapidement évanoui : « On espérait que ça soit qu’un épisode et puis en fait ça s’est reproduit plusieurs fois. » Ces répétitions ont contribué à l’usure des proches et au sentiment d’une longue attente sans certitudes médicales définitives.
Prendre la parole pour informer et soutenir
En acceptant de raconter cette histoire dans Psychik, Princesse Erika ne cherche pas la compassion ni la publicité. Elle dit vouloir informer et prévenir, et surtout tendre la main à d’autres parents confrontés à des parcours similaires. Son message est clair : parler de la maladie psychiatrique, de l’errance diagnostique et des conséquences familiales peut aider ceux qui avancent « dans le brouillard ».
Elle insiste sur l’importance du partage d’expérience. « À défaut de guérir, parler peut parfois sauver », confie-t-elle, résumant ainsi l’objectif de sa prise de parole : réduire l’isolement et favoriser l’accès à l’information pour les familles en détresse.
La chanteuse a également évoqué la diffusion de son témoignage via Instagram, indiquant qu’elle multiplie les canaux pour atteindre un public large et diversifié. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de rendre visible une réalité souvent taboue : la violence discrète des troubles psychiatriques sur les vies familiales.
Au-delà de la notoriété et des projecteurs, l’entretien avec Laurent Karila révèle une autre facette de Princesse Erika : une mère mobilisée, lucide sur les limites de la prise en charge et déterminée à transformer sa douleur en soutien pour les autres. Le récit, sobre et personnel, rappelle que derrière les personnalités publiques se tiennent des vies privées, parfois longues et difficiles, qui méritent d’être entendues.


