Un comique fidèle à la scène et aux plateaux
Pierre Richard a fêté, le 16 août dernier, ses 91 ans. Connu pour ses personnages décalés et maladroits, notamment dans La Chèvre et Les Fugitifs, l’acteur pourrait pourtant être officiellement à la retraite depuis près de trente ans. Il n’en a jamais voulu : le théâtre et le cinéma restent ses passions et son activité principale.
Installé dans son domaine viticole dans l’Aude, où il aime retrouver le calme, Pierre Richard refuse pour autant de se retirer complètement des planches et des plateaux de tournage. Son année 2025 en témoigne : présence au Festival de Cannes en mai, sorties de films et retours sur scène se sont succédé.
Une année 2025 chargée et des projets à venir
En mai dernier, le comédien est monté les marches du Festival de Cannes au bras de sa femme, Ceyla Lacerda, affichant un large sourire. Le 17 septembre, il a présenté son neuvième film, intitulé L’Homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme, film qu’il a également réalisé. Ces rendez-vous publics rappellent qu’il reste un visage actif du cinéma français.
Son engagement artistique ne s’arrête pas aux écrans. Du 6 au 8 novembre, Pierre Richard devait interpréter un seul en scène, Je suis là mais je ne suis pas là, au théâtre du Jeu de Paume à Paris. Et son calendrier s’étend encore : il est annoncé à l’affiche du film Josephe, prévu en 2026. Interrogé par Pierre Lescure, dimanche 2 novembre, dans l’émission Beau Geste sur France 2, l’acteur a résumé sa longévité créative par une phrase simple et déterminée : « Ça fait soixante ans que je m’amuse, pourquoi j’arrêterai ? »
Ces déclarations confirment l’image d’un artiste pour qui le plaisir du jeu prime sur l’idée d’une retraite inéluctable. Même après des décennies de carrière, Pierre Richard continue d’alterner réalisations personnelles, tournages et rendez-vous scéniques, privilégiant l’activité artistique à l’inaction.
Pourquoi il n’a pas tourné dans L’aile ou la cuisse
Le vétéran du cinéma a aussi profité de son passage médiatique pour lever le voile sur une anecdote de tournage datant de 1976. Cette année-là, Claude Zidi réalisait L’aile ou la cuisse, comédie devenue culte, portée par Louis de Funès et Coluche. Selon Pierre Richard, le rôle de Gérard Duchemin aurait d’abord été pensé pour lui.
Pourtant, il explique n’avoir pas accepté : « Je dois dire que je n’aimais pas trop le rôle. Je l’ai dit à Zidi qui l’a mal pris et en fin de compte, à 7h du matin je crois, je dormais profondément » quand quelqu’un l’a appelé. Au bout du fil, dit-il, se trouvait Louis de Funès. Le dialogue rapporté reste vif et direct : « Bah alors, qu’est-ce qui se passe ? Comment ça se fait ? Vous ne faites pas le film ? »
Face à la perplexité de son confrère, Pierre Richard avoue sa réserve : « Vous savez, je n’aime pas trop le rôle et si je n’aime pas le rôle je ne serai pas bon. Si je ne suis pas bon, ce n’est pas bon pour le film. Si je ne suis pas bon comme partenaire, vous serez déçu. » Selon le récit, Louis de Funès aurait alors répondu par une question plus terre-à-terre : « Mais dites moi, il est comment le scénario ? » Une remarque qui a amusé Pierre Lescure et rappelle les aléas, parfois cocasses, des distributions au cinéma.
Cette confession révèle autant la sélectivité artistique de Pierre Richard que sa conscience du travail collectif que représente un film. Refuser un rôle, ici, n’était pas un caprice, mais la crainte de nuire à une œuvre et à ses partenaires.
Sans céder au sentimentalisme outrancier, le retour sur ces épisodes éclaire un parcours long de six décennies, fait de choix et de rencontres. À 91 ans, Pierre Richard reste un artisan du rire, fidèle à ses principes et toujours présent quand le plaisir de jouer l’emporte sur la retraite.
