Dans une interview accordée à RTL ce samedi 15 novembre, Pierre Arditi, qui fêtera ses 81 ans dans quelques jours, évoque pour la première fois l’addiction qui a marqué une partie de sa vie et qui a failli la détruire. Le comédien raconte sans détours son combat contre le jeu pathologique — une dépendance aux jeux d’argent touchant des millions de Français chaque année — et les conséquences dramatiques qu’elle a eues sur son existence personnelle.
Un vice ancien : le chemin de fer
Pierre Arditi précise d’emblée la nature de son addiction : « Ce n’était pas le poker, c’était le chemin de fer, un jeu qu’on ne pratique plus ». Le chemin de fer est une variante du baccara : un joueur, le banquier, affronte les autres joueurs appelés pontes. Le but est d’obtenir la main la plus proche de 9 ; chaque participant reçoit deux cartes et peut, selon les règles, en tirer une troisième. Le joueur le plus proche de 9 remporte la mise face au banquier, qui doit ensuite céder son rôle.
Si ce jeu paraît aujourd’hui désuet et peu présent dans les casinos contemporains, il a pourtant suffi, selon l’acteur, à enclencher une spirale destructrice dans sa vie. De longues années de jeu pathologique ont suivi, jusqu’à des journées et des nuits dominées par l’obsession de la mise.
La violence d’un point de rupture
Le récit d’Arditi se teinte de violence physique et psychique. Dans l’interview, il confie avoir été « frappé à sang » lors d’un épisode particulièrement sombre. Ce passage marque un tournant. « Si j’avais pas arrêté, on ne se parlerait plus, c’était une balle dans la tête. Je me suis d’ailleurs posé la question », raconte-t-il, en évoquant avoir pensé au pire.
Face au miroir, l’acteur se voit défiguré : « Je me suis regardé dans la glace, j’étais défiguré. Absolument défiguré. J’ai été sauvé par mon narcissisme. Je ne pouvais pas garder cette tête-là. J’étais un type bien, beau et je ne pouvais pas. Donc c’est fini. Evidemment, c’est fini pour toujours. Je ne veux pas être un sous-homme. Curieusement, quand on joue, c’est pas pour jouer, mais pour perdre. Se punir de ce vice qui vous ronge. » Ces mots rendent compte d’un état mêlant honte, colère et surprise devant sa propre détermination à cesser.
De fait, après cet épisode, Arditi assure n’avoir plus touché aux cartes. Le geste d’arrêt apparaît pour lui comme une décision radicale et nécessaire, motivée autant par la peur des conséquences que par une exigence d’image et d’estime de soi.
Conséquences personnelles et trajectoire sentimentale
Sur le plan privé, l’addiction a eu un impact durable. Pierre Arditi divorça de sa première épouse, Florence Giorgetti, en 1978. Le récit mentionne que cette séparation intervient après une liaison de l’acteur avec la chanteuse Barbara. De cette première union est né un fils, Frédéric. L’acteur évoque aussi un épisode où sa femme et son fils étaient en vacances au moment où il a été frappé, précisant qu’il avait alors une trentaine d’années.
Par la suite, il rencontre Évelyne Bouix. Le couple élèvera Salomé Lelouch, fille du réalisateur Claude Lelouch. Cette relation aboutira à un second mariage, célébré en 2010, union que l’article signale comme toujours d’actualité.
Le témoignage d’Arditi mêle honnêteté et distance réflexive : il décrit son addiction comme une période de destruction, mais aussi comme une épreuve qui l’a forcé à se confronter à lui-même et à ses limites. Le recours à l’autodérision et à l’analyse morale — « je ne veux pas être un sous-homme » — donne à sa confession une tonalité à la fois dramatique et lucide.
En revenant publiquement sur ces années sombres, l’acteur offre un témoignage rare et personnel sur le jeu pathologique, soulignant l’ampleur des dégâts possibles et la difficulté du chemin vers l’arrêt. Sans dramatiser outre mesure, il montre qu’une décision, aussi motivée par la fierté personnelle que par la peur, peut suffire à rompre une dépendance longtemps installée.


