Jeudi 13 novembre 2025, les Bleus ont validé leur billet pour la prochaine Coupe du Monde en s’imposant 4-0 face à l’Ukraine au Parc des Princes. Premier retour remarqué depuis novembre 2024, N’Golo Kanté figurait parmi les titulaires et a été immortalisé souriant sur une photo publiée par le compte officiel de l’Équipe de France sur X.
Une légende qui met le feu aux réseaux
Le community manager de la Fédération a accompagné la photo d’une légende simple : « N’golo content = Tout le monde content 😄 ». Quatre jours plus tard, cette publication provoquait une vive réaction sur les réseaux sociaux et hors ligne. Le député LFI de Seine-Saint-Denis, Aly Diouara, a exprimé sa colère le lundi 17 novembre 2025, jugeant la légende « racialisante ». « Sérieux l’équipe de France ? On peut arrêter ces clichés racialisants à un moment donné. […] Si vous ne voyez pas le problème, c’est peut-être que vous en faites partie », a-t-il écrit.
Plusieurs internautes ont relayé la critique et dénoncé l’usage d’un stéréotype réducteur autour du sourire de Kanté. Parmi les réactions publiques, on retrouve des messages virulents : « ‘N’golo aime le chocolat – Y’a bon Banania’ pendant que vous y êtes ! » et « Ça devient vraiment du racisme de définir un footballeur uniquement par son sourire, comme s’il n’avait rien à dire rien fait, ça suffit, lâchez-le ». D’autres commentaires pointent la maladresse de la formulation : « Plus que limite la formulation là ! » ou encore « On est loin de l’esprit ‘France 98’ ici ».
La publication incriminée a circulé largement, suscitant débats et reprises. Extrait tel quel du post : « N’golo content = Tout le monde content 😄 pic.twitter.com/d2iFWCHu8a ».
Une comparaison avec le sketch de Michel Leeb relance la controverse
Certaines réactions ont fait le lien entre la photo de Kanté et le sketch « L’Africain » de Michel Leeb, qui avait déjà suscité de nombreuses critiques lors d’une réinterprétation sur scène en 2018. L’humoriste, invité dans l’émission Par Jupiter sur France Inter, était revenu sur cette polémique, parlant d’un « malentendu terrible ».
Pour sa défense, Michel Leeb déclarait : « Il n’y avait aucune incitation à la haine raciale ». Il ajoutait toutefois regretter l’impact de son sketch : « Je suis d’accord, j’ai pu faire du mal et je regrette profondément d’avoir pu choquer et faire de la peine. Je m’en veux terriblement mais le fait de prendre l’accent n’est pas une incitation mais une caricature ». L’artiste concluait en soulignant la dimension culturelle de la caricature : « La caricature fait partie de notre culture. Il y avait un geste … bon… c’est des choses que je regrette d’avoir faites ».
Sur les réseaux, certains internautes ont rapproché ces paroles de la légende choisie par la Fédération, estimant que la mise en avant du simple sourire d’un joueur noir pouvait réactiver des stéréotypes historiques et des représentations caricaturales.
À ce stade, la Fédération Française de Football n’a pas publié de réaction officielle pour répondre aux accusations ni pour préciser les intentions derrière la publication. Le débat, lui, reste ouvert et témoigne de la sensibilité autour des représentations et du langage utilisés par des institutions sportives jugées symboliques.
La controverse illustre combien une légende apparemment anodine peut déclencher une vague d’indignation lorsqu’elle est perçue comme stigmatisante. Elle pose aussi la question des pratiques de communication des comptes officiels, attendus au regard des enjeux d’inclusion et de respect dans l’espace public.


