Patrice Maktav prend la défense d’Anisha Jo. Dans une interview accordée au média Pile, l’ancien candidat de la première saison de la Star Academy s’émeut du faible retentissement médiatique dont semble pâtir la gagnante de l’édition 2022, Anisha Jo, sacrée le 26 novembre 2022. Pour lui, la chanteuse a encore « une reconnaissance qui ne vient pas » malgré une voix singulière.
Un constat sévère : « une petite omerta »
Au fil de l’entretien, Patrice Maktav évoque une forme d’« omerta » autour d’Anisha Jo : « Peut-être qu’ils ne voulaient pas la voir gagnante en prod, je ne sais pas. Il y a une petite omerta sur Anisha quand même. Je pense qu’il y a un truc sous-jacent », confie-t-il. Ancien compagnon de Lucie Bernardoni et demi-finaliste de la première édition aux côtés de Jean-Pascal Lacoste, Mario Barravecchia ou Jenifer, il connaît l’écosystème du télé-crochet et ses rouages.
Selon lui, le premier album d’Anisha Jo n’a pas reçu le soutien commercial espéré par la maison de disques. « Ils ont moins senti les dollars arriver », affirme-t-il, résumant de façon directe les critères souvent invoqués pour l’investissement autour d’un artiste : la rentabilité et l’impact radio.
La radio, juge impitoyable
Patrice Maktav insiste sur la brutalité du système : « Parfois, ils sont sans pitié. Si ça marche pas, ça marche pas. Ça passe pas en radio, on te laisse tomber. À l’époque, c’était ça : ton single n’est pas en radio, merci au revoir. » Cette analyse renvoie à une mécanique bien connue dans l’industrie musicale où l’exposition radio demeure un levier majeur pour prolonger la carrière d’un vainqueur de télé-crochet.
Il note aussi que la production a parfois préféré d’autres profils. « Anisha est quand même barrée dans un univers. Ils ont tout misé sur Pierre Garnier parce qu’il avait une grosse notoriété, il a trouvé son public, il y a eu un truc magique qui s’est passé comme avec Jenifer », observe-t-il, en comparant les trajectoires internes au casting et aux choix éditoriaux des maisons de disques.
Un parallèle avec Magalie Vaé, mais aussi des différences
La situation d’Anisha Jo fait selon lui écho à celle de Magalie Vaé, gagnante de la saison 5 en 2005. « Les gens étaient à fond derrière, ils l’aimaient beaucoup, ils ont voulu l’élire et derrière, il n’y a pas les trucs qui suivent », se souvient Patrice Maktav. Il s’interroge : « Est-ce que ça a merdé au niveau de la maison de disques ? Est-ce que c’était déjà trop tard ? Grand mystère. »
Il pointe également une invisibilisation : « Elle est toujours invisibilisée Magalie Vaé aussi. Elle ne fait pas partie des grandes gagnantes classes comme Élodie Frégé. Je ne sais pas ce qu’ils ont avec elle : elle n’était pas dans les normes et elle a été mise de côté. » Ces mots soulignent la frustration de certains anciens candidats face aux trajectoires disparates des lauréats.
Cependant, Patrice nuance le parallèle entre les deux gagnantes. Il rappelle que la dixième saison, celle d’Anisha Jo, a été diffusée dans le cadre d’un « revival » de la Star Academy sur TF1. « Il n’y a pas eu de tournée parce que c’était le revival. Ils ont fait un démarrage en côte. Il y a eu un truc avec cette Star Ac où ils ont dû galérer un peu plus. Ils ont été moins exposés [sans] la tournée, ils ont peut-être moins gagné d’argent », explique-t-il comme hypothèse expliquant un manque de visibilité.
Cette explication met en lumière des facteurs structurels : l’absence de tournée, une exposition télévisuelle moindre et des choix de promotion qui peuvent penaliser la montée en puissance d’un gagnant. Mais Patrice Maktav reste focalisé sur le sentiment d’injustice qu’il perçoit autour d’Anisha Jo.
Reste que les commentaires de l’ancien candidat redisent une interrogation récurrente sur les suites offertes aux vainqueurs des télé-crochets : le vainqueur est-il automatiquement destiné à une carrière durable, ou dépend-il surtout des décisions commerciales et des relais médiatiques ? Dans le cas d’Anisha Jo, Patrice Maktav plaide en tout cas pour une artiste qui « mérite mieux » et dont la trajectoire continue d’interroger une partie du public et des professionnels.


