À l’occasion de la diffusion, le 19 novembre sur Histoire TV, du documentaire Franco, la mémoire bafouée de l’Espagne, Olivia Ruiz prête sa voix à un récit qui touche à la fois l’Histoire et l’intime. Connue du grand public pour son parcours depuis la Star Academy, la chanteuse s’est retrouvée confrontée à une mémoire familiale longtemps tue, une part d’histoire espagnole que sa famille n’a jamais formulée à voix haute.
Un héritage familial muet
Dans un entretien accordé à Puremédias, Olivia Ruiz explique que, dès les premières images, elle a ressenti une résonance personnelle. La famille de l’artiste est issue de l’exil républicain espagnol et porte « une mémoire fissurée », écrivent nos confrères. Des souvenirs difficiles, parfois inabordables : « L’une de mes grands-mères, quand je lui demandais de me raconter son arrivée en France, se mettait instantanément à pleurer », confie la chanteuse.
Une autre grand-mère, selon Olivia Ruiz, éludait le sujet, expliquant qu’il ne fallait « pas se poser ce genre de questions ». Ce silence intergénérationnel a façonné une identité morcelée. La petite-fille a grandi avec cet héritage invisible, confrontée à des non-dits qui ont influencé sa compréhension de ses origines.
Comme beaucoup d’enfants ou petits-enfants de républicains, Olivia Ruiz a ressenti le besoin de mettre des mots et des papiers sur cette histoire. Elle raconte avoir entrepris, avec ses cousins, une démarche symbolique pour obtenir leurs passeports espagnols. Ce geste administratif apparaît pour elle comme une façon d’inscrire enfin, de façon officielle, ce que la parole familiale avait peiné à exprimer.
La voix comme instrument pour rompre le silence
En prêtant sa voix au documentaire, Olivia Ruiz choisit un médium profondément lié à son parcours artistique. La voix, précise-t-elle, a été son premier instrument dès l’enfance. Aujourd’hui, elle la met au service de la mémoire et du récit collectif, dans l’espoir de contribuer à une réparation symbolique.
Sur le fond historique, l’artiste ne dissimule pas son sentiment sur la figure de Franco : « Ce n’est pas possible d’avoir une image autre que terrifiante de cet homme », déclare-t-elle. Par ce constat, elle réaffirme l’idée que la compréhension de Franco et de son régime est essentielle pour saisir l’impact durable qu’ils ont eu sur les familles d’exilés.
Le documentaire, disponible en replay pendant 60 jours après diffusion, propose un regard sur ces blessures collectives. Pour Olivia Ruiz, s’engager dans ce projet est une étape personnelle : affronter, à travers l’Histoire racontée à la télévision, une histoire familiale longtemps remise à plus tard.
Le choix de la chanteuse de participer à ce film illustre une tendance récente chez des artistes issus de familles migrantes ou d’exil : utiliser la création et la parole publique pour interroger des pans privés de l’histoire. Sans effacer la douleur, ce type d’engagement offre la possibilité de mettre des images et des voix sur des silences durablement installés.
En acceptant de prêter sa voix, Olivia Ruiz apporte au documentaire une proximité émotionnelle qui renforce son propos. Le projet ne prétend pas remplacer les travaux d’historiens, mais il participe à la visibilité de trajectoires humaines souvent occultées. Pour l’artiste, il s’agit surtout d’un geste de réparation personnelle et de transmission, permettant à la génération actuelle d’identifier et de nommer ce que les précédentes avaient dû taire.


