Nicole Croisille est décédée le 4 juin 2025 à l’âge de 88 ans, des suites d’un cancer. La chanteuse de « Téléphone‑moi » souffrait d’une double tumeur du foie jugée incurable et avait exprimé le souhait de choisir les conditions de sa fin de vie. Elle avait préparé une interview pour le magazine ELLE, qu’elle souhaitait voir publiée après sa mort, et y évoquait son désir de partir selon ses propres termes.
Les derniers mois et la décision de partir
En mai 2025, lors d’un entretien avec Marion Ruggieri, Nicole Croisille avait confié se sentir « détruite » après une chimiothérapie. Elle reconnaissait son épuisement et disait : « ça suffit », « pourquoi continuer à souffrir ? ». Ces mots, recueillis peu de temps avant sa disparition, témoignent d’un choix mûri face à une détérioration rapide de son état de santé.
La chanteuse avait envisagé de se rendre en Belgique, où le suicide assisté peut être légalement encadré, mais son état s’est aggravé trop rapidement. Hospitalisée en urgence en France le 1er juin 2025, elle a ensuite été placée en sédation profonde dans le cadre de soins palliatifs, « en accord avec la loi » selon les informations rapportées. Son décès a été prononcé le 4 juin 2025. Cette date correspondait également, selon ses déclarations, à la journée qu’elle avait choisie pour mettre son projet en œuvre.
Nicole Croisille avait expliqué réfléchir « depuis des années » au suicide assisté. Elle ajoutait : « Je ne veux pas devenir dépendante, encore moins être un poids. Si j’ai un message à faire passer, un mot qui me tient à cœur, c’est celui‑ci : la compassion ». Elle insistait aussi sur la dignité : « La dignité n’a pas d’âge. Elle ne disparaît pas parce qu’on est pauvre, différent ou qu’on est vieux ». Sur la question des possibilités en France, elle estimait qu’il n’était envisageable d’obtenir une aide qu’à la condition qu’un médecin accepte de la fournir en secret, citant la Belgique comme une alternative accessible.
Un débat public porté par des personnalités
Le cas de Nicole Croisille s’inscrit dans un contexte français où la fin de vie est un sujet de débat public récurrent, et où plusieurs personnalités ont pris position ces dernières années. En juin 2024, Françoise Hardy est morte après avoir longuement exprimé son souhait de partir sans souffrir, alors qu’elle était atteinte d’un double cancer du pharynx et du système lymphatique. Dans les colonnes de Paris Match, elle avait évoqué son désir de « partir dans l’autre dimension le plus tôt, le plus vite et le moins douloureusement possible ».
Line Renaud s’est elle aussi montrée une voix active sur ce thème depuis le décès douloureux de sa mère. En décembre 2023, sur LCI, la chanteuse et militante avait déclaré, en évoquant Françoise Hardy : « Il faut laisser Françoise Hardy partir ». Elle avait ajouté qu’il fallait « l’aider » pour mettre fin à des souffrances devenues insupportables. Ces prises de position participent à maintenir la question de l’aide active à mourir au centre du débat public.
Ce que prévoit la loi et l’évolution parlementaire
En France, l’euthanasie et le suicide assisté restent interdits. Depuis février 2016, la loi Claeys‑Leonetti encadre toutefois la possibilité de recourir à une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme, avec arrêt des traitements. C’est cette procédure qui a été appliquée dans le cas de Nicole Croisille, selon les informations publiées.
La législation française est néanmoins en cours d’évolution. Après un examen et un consensus rapportés à l’Assemblée nationale en mai 2025, un projet de loi sur la fin de vie a été transmis au Sénat, qui doit l’examiner en octobre 2025. Le texte discuté vise à encadrer davantage les situations d’aide à mourir, tout en renforçant les soins palliatifs.
Le projet de loi mentionne cinq critères cumulatifs pour permettre le recours à une aide active : être majeur, avoir la nationalité française, être atteint d’une maladie grave et incurable, se trouver en phase avancée avec des souffrances physiques et psychologiques impossibles à apaiser, et avoir exprimé au moins trois fois sa volonté libre et éclairée d’en finir. Le mécanisme prévu prévoit que la personne s’administre le produit létal, sauf si elle n’est pas en capacité d’effectuer ce geste. Une clause de conscience est également prévue pour les professionnels de santé.
Les dernières volontés et les mots de Nicole Croisille — compassion, dignité, refus de la dépendance — relancent une fois encore la réflexion collective sur la manière d’accompagner ceux qui, face à la maladie, demandent à choisir la fin de leur vie.


