Natasha St-Pier inquiète pour la nouvelle génération
Invitée de l’émission C à vous, diffusée ce samedi sur France 5, Natasha St‑Pier a exprimé son inquiétude à propos des jeunes artistes propulsés dès le départ dans la lumière par les émissions de télé‑réalité. Artiste dont la carrière s’étire sur plus de vingt‑cinq ans, elle a pris la parole pour alerter sur les effets d’une célébrité fulgurante et souvent précoce.
« Souvent, je regarde la Star Academy, les émissions de télé‑réalité, et je m’inquiète pour ces jeunes‑là », a déclaré la chanteuse de 44 ans. Elle a expliqué que le contexte actuel diffère fortement de celui qu’ont connu les générations précédentes, et que la montée rapide peut se retourner contre des talents quand le public se détourne.
Des exemples récents cités par l’artiste
Natasha St‑Pier a cité des noms issus de la Star Academy, parmi lesquels Pierre Garnier, Marine et Helena. Elle a évoqué le cas de Pierre Garnier, qui a annoncé récemment qu’il prenait « quelques mois de vacances » après une tournée de dix‑huit mois à guichets fermés, soulignant l’intensité du rythme imposé aux jeunes artistes.
L’ancienne gagnante de Danse avec les Stars a ainsi résumé son propos : « C’est un milieu qui peut être dur pour les jeunes, je pense qu’on n’est pas préparé au succès, et qu’on n’est pas préparé à l’échec. Et les deux peuvent être difficiles à gérer. »
Ces remarques interviennent au moment où les candidats de la Star Academy doivent aussi affronter l’épreuve des votes et des éliminations — Léo, par exemple, a été éliminé « aux portes de la tournée », une expérience qu’elle a mentionnée comme emblématique des montagnes russes émotionnelles que vivent ces jeunes.
Un parcours personnel marqué par la fragilité
Natasha St‑Pier ne parle pas d’emblée en juge : son point de vue s’appuie sur un parcours personnel où la réussite publique n’a pas empêché les moments de détresse. Elle rappelle sa propre expérience après sa participation à l’Eurovision en 2001, alors qu’elle n’avait que 19 ans et représentait la France avec la chanson Je n’ai que mon âme.
La performance lui a valu une quatrième place, belle reconnaissance sur la scène internationale. Pourtant, la jeune artiste confie avoir mal vécu ce résultat car elle espérait la victoire. Elle a témoigné d’une période de dépression qui a suivi cette étape décisive de sa carrière, et a résumé avec distance : « 19 ans, c’est beaucoup trop tard pour apprendre à perdre. »
En rappelant cet épisode intime, Natasha met en balance son expérience et la vulnérabilité des artistes en devenir. Elle souligne que gagner ou échouer très tôt peut laisser des traces durables si l’accompagnement et la préparation psychologique font défaut.
Un avertissement sans jugement
Le message de Natasha St‑Pier n’est pas un réquisitoire contre la télé‑réalité, mais plutôt un avertissement sur les conséquences possibles d’une exposition immédiate et massive. Elle insiste sur le manque de préparation des jeunes aux deux faces de la célébrité : l’euphorie du succès comme la difficulté de l’échec.
Son témoignage invite à réfléchir aux structures d’accompagnement proposées aux nouveaux talents, qu’il s’agisse d’encadrement professionnel, de soutien psychologique ou d’un rythme d’exploitation moins écrasant. Sans proposer de solution précise à l’antenne, elle attire néanmoins l’attention sur une réalité souvent sous‑estimée.
Une parole qui résonne au‑delà des plateaux
Qu’il s’agisse d’artistes confirmés ou de candidats fraîchement révélés par la télévision, la mise en lumière rapide soulève des questions sur la durabilité des trajectoires et la santé mentale des artistes. Les propos de Natasha St‑Pier, issus d’un vécu marqué par le succès et la fragilité, font écho à des débats plus larges sur la responsabilité des médias et des industries culturelles.
En se positionnant à la fois comme témoin et comme actrice de la scène musicale, elle rappelle que la carrière d’un artiste n’est pas seulement une suite de classements et de tournées, mais aussi une construction humaine qui mérite d’être protégée.
