Mario Ramsamy souffle ses 69 bougies ce 31 octobre 2025 — coïncidence du calendrier, c’est la nuit d’Halloween, propice à faire résonner une chanson qui n’en finit plus de hanter les pistes : Les Démons de minuit. Sorti en 1986, ce morceau au refrain immédiat et à la cadence funky figure depuis quarante ans parmi les incontournables des soirées dansantes, mariages, réveillons et fêtes costumées d’octobre. Derrière cette apparente légèreté, la chanson porte une histoire faite de succès commerciaux, de polémiques et de tensions internes au groupe.
La genèse d’un tube
Images, collectif toulousain formé autour de Mario Ramsamy et Jean-Louis Pujade, n’imaginait pas l’ampleur du succès. « Pendant quinze jours, on avait fait le tour de toutes les maisons de disques de Paris, elles n’en voulaient pas », a raconté Jean-Louis Pujade, évoquant des débuts hésitants qui furent pourtant suivis d’un retournement spectaculaire lorsqu’un producteur accepta enfin le titre.
La chanson explose : plus d’1,5 million de 45 tours vendus, treize semaines en tête du Top 50 et un disque de platine. Quarante ans plus tard, Les Démons de minuit reste une source de revenus significative. Invité d’Europe 2, Mario Ramsamy a révélé que la chanson rapporte encore environ 200 000 euros par an en droits d’auteur, somme partagée entre ses cinq créateurs. « Je touche à peu près 10 000 euros tous les trimestres », confiait-il, mi-amusé, mi-fier. « C’est fou, mais c’est la magie d’un vrai tube : il ne meurt jamais. »
Un clip qui choque l’Église
Dès sa sortie, le clip des Démons de minuit provoque l’ire de l’Église catholique. Tourné dans l’église Saint-Pierre des Chartreux à Toulouse, il montre un prêtre en proie à la tentation, une mise en scène jugée blasphématoire par certains. En 1987, la condamnation tombe : l’Église reproche au groupe un « non-respect des croyances ». Le Père Di Falco s’emporte publiquement : « Qu’on ne me dise pas que c’est de l’humour, ce n’est pas de l’humour. »
Le scandale nourrit la légende d’Images. Les médias s’emparent de l’affaire, les ventes grimpent encore et Mario Ramsamy devient un nom incontournable de la scène française. Mais l’onde de choc ne s’arrête pas là : la chanson continuera d’alimenter débats et reprises, parfois à l’origine de nouveaux conflits.
Reprises et tensions publiques
La postérité du tube se mesure aussi aux multiples reprises. Parmi elles, la version de Julien Doré, incluse sur son album Imposteur, a relancé le débat. Accompagnée d’un clip décalé où l’artiste apparaît coiffé d’un bonnet de Père Noël, sa réinterprétation séduit une part du public, mais pas l’auteur d’origine. « Encore une reprise ! Pas réussie pour moi. » tranche Mario Ramsamy, sans détour.
Julien Doré, réputé pour son humour et sa bienveillance, a tenté d’apaiser : « Je suis confus. Sache quand même que je t’aime beaucoup. » Pourtant, la réaction du public sur les réseaux sociaux a opposé nostalgiques des années 80 et fans du chanteur pop. Ce clash inattendu montre qu’après quatre décennies, le morceau continue de provoquer des passions fortes.
Rivalités internes et trajectoires séparées
Les tensions ont aussi marqué la vie du groupe. Après l’âge d’or d’Images, les années 1990 voient un ralentissement. En 1999, l’arrivée d’Émile Wandelmer, ancien chanteur du groupe Gold, donne naissance à Émile & Images, fusion de deux figures toulousaines des années 80. Malgré les sourires sur scène, la cohésion n’est pas toujours totale en coulisses.
Plus récemment, Jean-Louis Pujade a signé un remix pour les 40 ans du tube, réalisé sans la participation de Mario Ramsamy. « Mario a décidé de chanter de son côté, c’est donc moi qui chante sur le remix », a expliqué Pujade. « On ne se voit plus que sur les tournées Stars 80, mais il demeure mon ami, bien sûr. » Cette distance, palpable dans ses mots, illustre des trajectoires désormais séparées malgré des liens d’amitié résiduels.
Qu’on l’écoute comme hymne festif ou comme objet de controverse, Les Démons de minuit reste un morceau vivant dans la mémoire collective. À 69 ans, Mario Ramsamy porte encore ce tube qui, entre succès commercial et querelles, semble refuser l’effacement.


