Nouvel épisode judiciaire dans l’affaire tirée du livre de Marie Portolano : la journaliste a été mise en examen le 15 août, accusée d’avoir été complice de Manuel Carcassonne, directeur de la maison d’édition Stock, dans une plainte en diffamation déposée par Pierre Ménès. Ces informations, révélées par le site Les Jours et relayées par L’Équipe, relancent un débat déjà vif depuis la parution de Je suis la femme du plateau en mars 2024.
Les accusations portées contre la journaliste
Marie Portolano, déjà auteure en 2021 du documentaire Je ne suis pas une salope, je suis journaliste, évoque dans son livre des épisodes jugés compromettants par l’ex-chroniqueur du Canal Football Club. Selon l’ouvrage, Pierre Ménès l’aurait soulevée la jupe et touché les fesses, notamment en coulisses mais aussi « en plein plateau », le 28 août 2016.
Le nom de Pierre Ménès n’apparaît jamais explicitement dans le livre, mais il s’est reconnu dans certains passages rédigés par la journaliste. L’un des extraits à l’origine de la plainte est cité mot pour mot dans les révélations : « On a dit de lui qu’il avait un ‘droit de cuissage’. En fait, il faisait ce qui lui plaisait, sans jamais être réprimandé. Outre l’humiliation, tous genres confondus, il se permettait de faire ce que bon lui semblait aux femmes qui l’entouraient. De toucher qui il voulait où il voulait, avec le consentement non des personnes concernées évidemment, mais de celles qui auraient tout à fait pu l’arrêter, ses supérieurs hiérarchiques par exemple, toujours témoins de ces agissements ». Ces propos sont au cœur de la plainte pour diffamation que Ménès a déposée, trois mois après la sortie du livre.
Réactions des protagonistes et défense de l’éditeur
Du côté de la maison d’édition Stock, l’avocat Christophe Bigot a relativisé la portée judiciaire de la démarche de Pierre Ménès dans une interview à Les Jours : « Je vois mal son intérêt à susciter un débat public à la barre du tribunal, alors que, Marie Portolano, elle, n’a jamais déposé plainte contre lui. Au-delà du coup de colère qui fait que Pierre Ménès dépose plainte, ce qui lui permet de faire un peu de com’ et de limiter la propagation du livre, je ne vois pas trop son intérêt d’aller jusqu’au bout. Quand on fait un procès de diffamation, on fait son propre procès. »
En réponse, l’avocat de Pierre Ménès, Nicolas Rebbot, a affirmé la nécessité du débat judiciaire : « Ça permet au moins qu’il y ait un débat pour voir si, en effet, au moment où Marie Portolano écrit ces propos-là, noir sur blanc, elle disposait de preuves véritablement accessibles. Pour le dire, j’en doute. »
Un contexte judiciaire déjà chargé pour Pierre Ménès
Cette procédure en diffamation s’inscrit dans un contexte judiciaire plus large. Pierre Ménès fait l’objet d’une enquête pour harcèlement et des accusations d’agression sexuelle présumées. En avril 2023, il a été condamné pour des faits commis en 2018, mais il a été relaxé dans deux autres affaires similaires, selon les éléments rapportés par Les Jours et L’Équipe.
La mise en examen de Marie Portolano, qui vise la complicité de diffamation aux côtés du directeur de la maison d’édition, marque une étape supplémentaire dans un dossier où se mêlent récits personnels, responsabilités éditoriales et enjeux de crédibilité. Le volet judiciaire devra maintenant trancher sur la question centrale soulevée par la défense de Ménès : l’existence ou non, au moment de la publication, de preuves suffisantes permettant de fonder les assertions contenues dans l’ouvrage.
Au-delà des aspects strictement juridiques, l’affaire soulève des interrogations sur le traitement médiatique des témoignages et sur la frontière entre récit personnel et responsabilité éditoriale. Pour l’heure, la mise en examen de Marie Portolano et l’implication de Manuel Carcassonne dans la procédure ajoutent une nouvelle couche à un dossier déjà abondamment commenté dans la presse.
