Après deux ans et demi d’absence médiatique, La Zarra opère un retour surprise avec un nouveau titre intitulé Fuck you, une chanson qui, sous des airs doux, se présente comme un règlement de comptes. Dans ce morceau, la chanteuse vise autant un ancien compagnon que des personnes qui ont jalonné son parcours professionnel, depuis son premier album chez Universal jusqu’à sa participation à l’Eurovision, marquée par le fameux « toz » qui avait déclenché une polémique importante.
On avait quitté la Québécoise en juin 2023, lors d’un concert à la salle Pleyel peu rempli, comme le rappelle Le Parisien. Sa tournée avait été annulée et ses deux titres phares, Tu t’en iras et Évidemment, avaient été retirés des ondes. Beaucoup pensaient alors que l’artiste tournerait la page. Elle réapparaît aujourd’hui avec Far Prod, son nouveau producteur de concerts, et annonce un retour sur scène le 9 avril 2026 aux Étoiles, une salle parisienne de petite jauge. À 38 ans, se dit-elle, elle assume pleinement cette nouvelle étape et se montre plus naturelle, directe et confiante quant à sa renaissance artistique.
Un retour à la fois musical et public
Le single Fuck you s’inscrit dans une stratégie de retour marquée. La Zarra le présente comme une chanson douce en apparence, mais dont les paroles visent des personnes précises de son histoire. Elle mentionne son parcours depuis sa signature chez Universal et revient sur les événements autour de l’Eurovision, qui ont fortement impacté sa carrière et son image publique.
Le choix d’une petite salle pour sa reformation scénique, Les Étoiles, et la collaboration avec Far Prod traduisent une volonté de reprendre le contrôle de sa trajectoire. L’artiste a par ailleurs expliqué travailler sur un futur projet musical qui pourrait prendre la forme d’un album ou d’un EP, avec une quinzaine de morceaux déjà en préparation. La direction musicale annoncée s’oriente vers une esthétique americana, inspirée par des références comme « Summer Wine ».
Des tensions autour de l’Eurovision et d’Universal
Dans un entretien accordé au Parisien, La Zarra décrit la période entourant l’Eurovision comme extrêmement éprouvante. Si elle se dit reconnaissante envers le public, elle assure que les conditions de préparation ont été très difficiles. Selon elle, Universal l’a fortement pressée d’accepter l’Eurovision: «Avais-je le choix ? Universal m’a demandé de faire l’Eurovision. Sinon, ça aurait été compliqué de continuer ensemble.»
La chanteuse relate avoir dû s’installer en urgence en France en l’espace de trois jours, rescolariser sa fille et assumer seule le financement de son logement. Elle affirme avoir demandé un budget de 180 000 euros pour son deuxième album, mais s’être heurtée à la cheffe de la délégation française de l’Eurovision, qu’elle surnomme « Voldemort », et qui, d’après elle, souhaitait «des feux d’artifice partout» pour le spectacle. Lorsqu’elle a interrogé qui financerait ces dépenses supplémentaires, elle rapporte s’être vue répondre: «Mais c’est toi !»
Avant la compétition, La Zarra dit avoir annulé une date pour «raisons personnelles». Elle explique aujourd’hui que ce retrait était lié à une perte de voix provoquée par un stress et une anxiété intenses: «Je prenais de la cortisone quasiment chaque jour.» La tension a été telle que, toujours selon ses dires, «même Brigitte Macron l’a appelée» pour prendre de ses nouvelles. Épuisée, elle confesse n’avoir parfois souhaité que tout s’arrête.
Polémiques, retombées personnelles et réorganisation
Sur le plan sportif, elle termine l’Eurovision à la 16e place. Mais l’image qui a retenu l’attention est celle de son doigt d’honneur, geste qu’elle assure tenir de souvenirs scolaires au Canada et qui, en France, a été largement interprété comme une provocation. Les conséquences ont été lourdes: sa fille en aurait souffert et toutes deux auraient reçu des insultes à caractère raciste, selon ses déclarations.
À bout, La Zarra raconte être retournée au Canada et avoir repris brièvement son ancien métier dans un salon de coiffure pendant trois semaines, avant de comprendre que cette voie ne lui convenait plus. Elle critique également l’industrie musicale qu’elle juge pressante et opaque: «On te fait signer des contrats dans l’urgence, pour que tu ne te rendes pas compte des pourcentages.»
Malgré ces difficultés, elle se félicite d’avoir conservé la totalité de ses droits d’auteur et de ses masters, ce qui lui permet aujourd’hui de détenir son propre label. Elle affirme financer elle-même son prochain projet: «C’est mon propre argent que j’investis là.» Parallèlement, elle prend des cours de chant d’opéra à Rome et veut avancer «sans stress».
La Zarra revient donc sur la scène et dans les débats publics avec une posture revendiquée, prête à défendre ses choix artistiques et à reprendre le contrôle de sa carrière après une période marquée par la controverse et l’épuisement.


