À l’aube de la sortie de Qui brille au combat, son premier long‑métrage présenté à Cannes en Séance spéciale, Joséphine Japy vit une période chargée en émotions. Invitée de l’émission 20h30 le dimanche le 7 décembre 2025, la comédienne devenue réalisatrice a annoncé attendre son premier enfant, une nouvelle qu’elle a livrée avec pudeur et franchise.
Un film profondément personnel
Le film, qu’elle a coécrit avec Olivier Torres, s’inspire directement d’une histoire familiale intime. Joséphine Japy évoque la fratrie et, en particulier, sa sœur cadette Bertille, atteinte du syndrome de Phelan‑McDermid, « une pathologie génétique rare entraînant un handicap sévère et un comportement autistique ». Cette réalité a façonné le projet du film et la démarche artistique de Japy.
La réalisatrice confie qu’elle n’a appris le nom précis de la maladie que tardivement, à 27 ans. « Ma sœur avait 25 ans, moi j’en avais 27. 25 ans d’incertitude, où ma mère n’a pas été écoutée », raconte‑t‑elle, sous le coup de l’émotion. Ce diagnostic tardif, suivi des explications médicales, a apporté un soulagement majeur à la famille.
Elle rapporte notamment les mots de sa mère au moment du diagnostic : « Elle m’a dit que ma sœur allait vivre, qu’elle comprend tout l’amour qu’on lui donne, et surtout que je ne suis pas porteuse du gène si un jour je veux des enfants ». Ces paroles ont levé une angoisse durable chez Joséphine Japy, qui avoue avoir longtemps redouté la maternité, craignant de porter elle‑même la vulnérabilité génétique.
Entre projet artistique et protection des personnes
Le film porte donc une charge affective forte pour la réalisatrice. Au‑delà du scénario, Japy a dû faire des choix éthiques lors du casting. Elle explique vouloir initialement confier le rôle de sa sœur à « une jeune fille en situation de handicap », mais s’être heurtée à la difficulté du consentement : « je voulais une jeune fille en situation de handicap, mais ça n’a pas pu se faire pour des raisons de consentement », affirme‑t‑elle, précisant sa volonté de ne pas exposer des personnes vulnérables à une pression supplémentaire.
Le rôle a finalement été confié à Sarah Pachoud, comédienne issue du monde du cirque. Joséphine Japy souligne la manière dont Pachoud a abordé le personnage : « Elle s’est mise à la place de ma sœur, sans chercher à l’imiter ». La réalisatrice ajoute que l’actrice a travaillé sur la manière de chanter et de parler « à sa manière », cherchant à restituer une présence plutôt qu’une copie.
Ce choix traduit une préoccupation éthique et artistique : représenter une situation de handicap avec respect, sans exploitation ni caricature, tout en restant fidèle à la charge émotionnelle du récit.
Une annonce personnelle au moment de la sortie
L’annonce de sa grossesse, faite en direct dans l’émission 20h30 le dimanche, a donné une résonance particulière à la sortie du film. « Cette incertitude sur ce que serait la maternité pour moi… Ça a changé ma vie », confie Joséphine Japy. Elle formule la sensation d’un double accomplissement : donner naissance à un film et attendre un enfant.
Pour la réalisatrice, l’aboutissement du projet coïncide avec un apaisement personnel. Elle résume la convergence de ces événements par une formule simple et chargée d’émotion : « Aujourd’hui, je sors un film sur cette histoire, j’attends un enfant et c’est très fort ». Le ton est à la fois personnel et mesuré, reflet d’un cheminement familial long et parfois douloureux.
Lors de son intervention médiatique, un extrait du propos a circulé sur les réseaux, soulignant l’attention suscitée par son annonce et par le film. La parole de Japy éclaire autant sa démarche artistique que les questions éthiques posées par la représentation des personnes en situation de handicap au cinéma.
Sans dramatiser, le récit familial qui inspire Qui brille au combat invite le spectateur à une réflexion sur la maladie rare, la vulnérabilité et la place de l’amour dans l’accompagnement. À travers ce double récit — filmique et personnel — Joséphine Japy offre une narration sensible où la mise en scène dialogue avec l’intime.


