Le 25 septembre 1980, John Bonham, surnommé « Bonzo », est mort à Clewer, dans le comté de Berkshire, au Royaume‑Uni. Le batteur de Led Zeppelin, connu pour ses roulements puissants sur des titres comme « Moby Dick », « Whole Lotta Love » et « When the Levee Breaks », s’est éteint à l’âge de 32 ans, marquant la fin d’une ère pour le groupe et plongeant le monde du rock dans le deuil.
Une soirée alcoolisée, un réveil qui ne viendra pas
La veille de sa mort, John Bonham avait participé à une tournée nocturne arrosée. Selon les éléments rapportés à l’époque, il aurait consommé quarante shooters de vodka en l’espace de quatre heures — soit près de 80 cl. Il était aussi, toujours d’après les témoignages, consommateur d’antidépresseurs et de drogues diverses.
De retour au domicile de Jimmy Page, leader et guitariste de Led Zeppelin, Bonham se serait mis au lit. Après avoir vomi, il aurait été retrouvé inconscient et asphyxié par ses vomissements, selon les rapports relayés au moment des faits. C’est l’assistant du groupe, Benji Lefevre, qui a découvert son corps sans vie.
Ces circonstances tragiques ont mis un terme brutal à la formation originale du groupe. Les détails médicaux et judiciaires publiés à l’époque ont alimenté discussions et spéculations, mais l’image laissée par la disparition de Bonham reste celle d’une carrière fauchée alors que Led Zeppelin préparait une série de concerts aux États‑Unis.
La décision de ne pas remplacer Bonham et les retrouvailles occasionnelles
Face à la perte de leur batteur, Jimmy Page, Robert Plant et John Paul Jones ont rapidement pris une décision lourde de sens. Dans un communiqué daté du 4 décembre 1980, ils écrivaient : « Nous tenons à faire savoir que la perte de notre cher ami et le profond sens de l’harmonie indivisible que nous ressentons, nous-mêmes et notre manager, nous ont conduits à décider que nous ne pouvions plus continuer comme nous étions. »
Led Zeppelin s’est officiellement séparé en décembre 1980. Cependant, les trois membres survivants se sont réunis par la suite à plusieurs occasions symboliques. Ils ont notamment joué pour un concert anniversaire d’Atlantic Records au Madison Square Garden, participé à Live Aid à Philadelphie où Phil Collins a collaboré avec eux, et pris part à la cérémonie d’entrée au Rock and Roll Hall of Fame en 1995.
En 2007, le groupe a accepté de remonter sur scène pour un concert unique à l’O2 Arena de Londres. Pour remplacer John Bonham à la batterie, ils ont fait appel au fils de Bonham, Jason Bonham, dans une séquence recueillie et très commentée par les fans et la presse.
Un héritage familial et musical
John Bonham laissait derrière lui son épouse Pat, sa fille Zoe et son fils Jason, qui a suivi les traces de son père dans la musique. Au‑delà des liens familiaux, Bonham est resté pour beaucoup l’un des plus grands batteurs de l’histoire du rock.
Influencé par des batteurs de jazz tels que Buddy Rich, il a réinventé l’approche de la batterie dans le rock par sa puissance, son swing et sa précision. Son jeu a marqué plusieurs générations d’artistes. Dave Grohl, ancien batteur de Nirvana et leader des Foo Fighters, confiait à Rolling Stone, lors d’un numéro hommage : « John Bonham tapait sur sa batterie comme quelqu’un qui ne savait pas ce qui allait se passer ensuite, comme s’il titubait sur le bord d’une falaise, style funambule sur son fil de fer. Personne ne s’est jamais approché de ça depuis lors, et personne ne le fera jamais. »
Grohl ajoutait : « Je pense qu’il restera pour toujours le meilleur batteur de tous les temps. Vous n’avez pas idée à quel point il m’a influencé. J’ai passé des années dans ma chambre (des putains d’années) à l’écouter jouer et à essayer d’imiter son swing, sa façon de frapper, sa rapidité, sa puissance… » Ces paroles reflètent l’admiration persistante d’une frange importante du monde musical.
Une postérité marquée par les comparaisons et les drames
La réputation de Bonham s’est forgée aussi par les anecdotes et les remarques d’autres géants du rock. Jimi Hendrix, qui l’avait rencontré en 1969, aurait plaisanté sur son jeu en disant : « Ce batteur a un pied droit comme des castagnettes ! », citation rapportée par un biographe.
La façon dont Bonham est parti, par étouffement après des excès, évoque d’autres tragédies du rock. Jimi Hendrix est mort le 18 septembre 1970, asphyxié après une prise de barbituriques et d’alcool. Sa disparition, à 27 ans, fait partie du mythe du « club des 27 », rejoint plus tard par des artistes comme Kurt Cobain (1994) et Amy Winehouse (2011). Bonham, lui, n’avait que 32 ans à sa mort et reste en dehors de ce groupe macabre, mais son décès s’inscrit dans la longue liste des carrières musicales stoppées prématurément.
Quarante‑cinq ans après sa disparition, John Bonham demeure une figure tutélaire du rock. Sa frappe et son style continuent d’être étudiés, cités et célébrés par des musiciens et des fans, et sa mémoire reste intimement liée à l’histoire de Led Zeppelin et aux pages les plus puissantes du répertoire rock.
