La famille Rothschild se trouve au cœur d’un conflit familial et judiciaire qui oppose la baronne Nadine de Rothschild, 93 ans, à sa belle-fille Ariane de Rothschild et à ses petites‑filles. L’affaire porte sur une prestigieuse collection d’œuvres d’art liée à Edmond de Rothschild, et révèle une fracture intime au sein d’une des dynasties européennes les plus célèbres.
Origines du litige et héritage artistique
Le différend trouve sa source dans la succession des œuvres ayant appartenu à Edmond de Rothschild. Le récit public fait état d’un héritage réparti après la disparition du banquier, mais le dossier comporte une incohérence sur la date de son décès : certaines mentions indiquent 1997, d’autres 1977. Cette divergence apparaît dans les échanges publics autour de l’affaire.
Selon la baronne Nadine, elle a hérité d’une partie de la collection installée au château de Prény, en Suisse, où vivaient alors son fils Benjamin, sa belle‑fille Ariane et leurs filles. La mort soudaine de Benjamin, en 2021 à 57 ans, a ravivé des tensions déjà présentes au sein du clan familial.
Nadine de Rothschild affirme vouloir récupérer les œuvres dont elle se considère la légitime détentrice. Son objectif public est de constituer à Genève un musée dédié à Edmond de Rothschild, un projet qu’elle qualifie d’« unique au monde ». Elle assure avoir reçu cet ensemble « légalement » et déclare qu’elle l’aurait transmis à Benjamin s’il avait été en vie.
Accusations, procédures et relations familiales
Invitée sur RTL, la baronne n’a pas ménagé sa belle‑fille : « Je n’ai pas du tout l’intention de laisser à cette personne l’héritage que mon mari m’a laissé. Elle n’a aucun droit sur ma collection », a‑t‑elle affirmé, attribuant le conflit à une mésentente profonde.
Pour faire valoir ses prétentions, Nadine de Rothschild a porté l’affaire devant la justice en attaquant ses petites‑filles. L’avocat de la famille, Me Didier Bottge, a décrit la situation dans Paris Match comme la rupture d’une « unité familiale entretenue depuis trois siècles ». La baronne rejette toutefois l’idée qu’elle ait brisé une solidarité familiale : « Il n’y avait plus d’esprit de famille, donc je n’ai pas brisé grand‑chose », a‑t‑elle répondu.
Dans ses déclarations, elle évoque aussi une relation quasi inexistante avec ses petites‑filles : « J’aurais aimé pouvoir les adorer mais je ne les ai jamais vues ». Elle ajoute, sur la place qu’elle a tenue au fil des années : « Quand il y a deux grands‑mères, il y en a toujours une qui perd, et c’est moi. »
Le rôle d’Ariane de Rothschild et les enjeux institutionnels
Ariane de Rothschild, directrice générale du groupe Edmond de Rothschild depuis mars 2023 et propriétaire de la banque familiale, se trouve ainsi au centre du litige familial. Les éléments publics ne détaillent pas l’ensemble des arguments juridiques avancés par chacune des parties, mais le conflit mêle préoccupations patrimoniales, symboliques et culturelles.
Certains proches ont suggéré que la baronne serait influencée par des conseillers dans sa démarche. Nadine balaie ces insinuations : « J’ai toute ma tête. Je peux mettre les mots les uns derrière les autres », a‑t‑elle affirmé, soulignant sa détermination à mener le projet de musée porté par la Fondation Edmond et Nadine de Rothschild.
Ce projet culturel, qui vise à valoriser l’œuvre et la mémoire d’Edmond de Rothschild, se présente comme la motivation publique principale de la baronne. Mais il cristallise aussi des rancœurs et des désaccords personnels. Le recours à la justice illustre l’impossibilité, pour l’heure, de parvenir à un compromis entre les générations.
Conséquences et perspectives
L’affaire est suivie de près par les observateurs du monde financier et culturel, tant pour l’importance symbolique de la collection que pour l’impact que ce conflit peut avoir sur l’image d’une maison bancaire historique. À court terme, la bataille judiciaire déterminera la conservation et la destination des œuvres concernées.
Sur le plan familial, les déclarations publiques montrent une rupture qui paraît profonde. Les tentatives de médiation ou de règlement à l’amiable ne sont pas rendues publiques pour l’instant. Le dossier illustre en tout cas la difficulté des transmissions patrimoniales au sein de familles à forte visibilité, où l’enjeu matériel se mêle à la volonté de préserver une mémoire et une institution.


