C’est un petit séisme dans le paysage télévisuel français. Alors que TF1 a récemment décidé de supprimer Téléshopping, France Télévisions a acté à son tour la fin d’un de ses magazines sportifs historiques : Tout le sport, diffusé quotidiennement depuis 38 ans.
La fin d’un rendez-vous historique
Selon des informations révélées par L’Équipe, la direction de France Télévisions, conduite par Delphine Ernotte et Stéphane Sitbon-Gomez, a validé la suppression de Tout le sport. Le magazine, présent à l’antenne depuis la fin des années 1980, disparaîtra officiellement en janvier 2026.
La décision s’inscrit dans un mouvement de restructuration déjà perceptible au sein du service public : Des chiffres et des lettres a été supprimé et la diffusion de Questions pour un champion a été drastiquement réduite. Pour le sport, France Télévisions ne laisse toutefois pas un vide complet puisque Tout le sport sera remplacé par une version quotidienne de Stade 2, un autre programme emblématique du groupe.
Fabien Lévêque, qui animait déjà Tout le sport, a été choisi pour prendre les rênes de cette nouvelle formule, baptisée Stade 2, la quotidienne. Le changement vise à regrouper les forces et à moderniser l’offre sportive du service public, selon les éléments communiqués en interne.
Henri Sannier monte au créneau
La nouvelle a provoqué une vive émotion au sein des équipes, actuelles comme anciennes. Henri Sannier, figure tutélaire du magazine qu’il a présenté pendant plus de vingt ans, n’a pas caché sa colère dans une interview accordée à L’Équipe.
« Je suis outré et écoeuré par la disparition de Tout le Sport », déclare-t-il. Il affirme s’être battu pendant des années pour préserver l’émission : « Je me suis battu pendant 20 ans pour défendre un label et un titre acceptés par tout le monde. Je suis monté dix fois à la présidence de France Télévisions pour sauver Tout Le Sport ! »
Henri Sannier déplore une forme de méconnaissance de l’impact de l’émission en province : « Les gens qui nous dirigent sont la plupart du temps des Parisiens et ne connaissent pas l’impact de l’émission dans la France profonde. Moi, je vis à la campagne et je vous assure que tout le monde connaît TLS ! »
Le journaliste à la retraite rappelle également que les magazines sportifs du service public ont déjà connu des heures difficiles : il évoque notamment la période où Stade 2 a été menacé, sauvée in extremis par un basculement sur France 3 en 2019. Aujourd’hui, c’est pourtant la marque Stade 2 qui s’apprête à prendre le relais quotidien.
Une rivalité ancienne entre marques
Au-delà de la nostalgie, Sannier pointe une guerre d’image interne entre les deux magazines. « Il faut arrêter de dire que la marque Stade 2 est plus forte que la marque Tout Le Sport. C’est faux ! C’est nul », lance-t-il, estimant que Stade 2 a toujours été perçue comme « plus classe » et mieux considérée par la hiérarchie.
Pour lui, cette suprématie affichée a contribué à fragiliser Tout le sport au fil des années. Malgré l’attachement d’une partie du public et l’ancienneté du titre, la direction semble avoir tranché en faveur d’une unité de marque et d’une offre modernisée.
Interrogations et frustrations s’expriment donc au sein des équipes, qui devront accompagner la transition vers cette nouvelle formule quotidienne. Officiellement, France Télévisions mise sur une continuité éditoriale et une meilleure lisibilité de son offre sportive.
À court terme, les téléspectateurs fidèles de Tout le sport verront leur rendez-vous historique transformé, tandis que les journalistes et techniciens concernés devront se réorganiser autour de Stade 2, la quotidienne. Reste à voir comment le public accueillera cette refonte annoncée pour janvier 2026.
