David Gallienne, 37 ans, a brusquement mis fin au silence. Chef étoilé, vainqueur de Top Chef en 2020, il a été hospitalisé récemment pour épuisement et a publié un message poignant sur Instagram le 13 octobre dernier. Ce cri du cœur, relayé par plusieurs médias dont Le Parisien, illustre la lassitude d’un secteur déjà fragilisé.
Un chef à bout de souffle
Patron du Jardin des Plumes à Giverny (Eure), David Gallienne a repris cet établissement en 2020, au pire moment de la crise sanitaire. Depuis, la succession d’épreuves économiques a rendu la tâche quasi insurmontable. Hausse des prix, baisse de la clientèle, pressions fiscales : l’équation ne tient plus, et le corps a fini par lâcher.
Dans son message Instagram du 13 octobre, il évoque un mal tangible. « L’épuisement physique et la santé mentale sont arrivés à un stade où nous sommes tous à bout », écrit-il, ajoutant que « Beaucoup d’entrepreneurs comme moi souffrent dans le silence. » Ces mots, brefs et directs, ne parlent pas seulement pour lui mais pour une génération de chefs et d’artisans de l’hôtellerie-restauration.
Les raisons d’une crise systémique
Interrogé par nos confrères d’Ici Normandie, David Gallienne explicite les principaux facteurs qui plombent les petites structures. Il dénonce la « hausse du coût de l’énergie et des matières premières », la « hypervulnérabilité économique » des PME et la « hausse des taxes ». Selon lui, ces éléments combinés étouffent les commerçants indépendants et fragilisent les dynamiques locales.
Le chef pointe également l’insuffisance des aides publiques. « Il est plus qu’urgent de venir en aide aux PME, aux hôteliers restaurateurs… Nous sommes tous en train de mourir à petit feu », affirme-t-il. Cette phrase, forte, synthétise la colère et l’épuisement d’un secteur où les marges se réduisent et où les soutiens sont jugés trop rares et parfois trop tardifs.
Le constat va au-delà de la seule cuisine : il s’agit d’un signal d’alarme pour toute une économie de proximité. Les contraintes structurelles mentionnées — coûts énergétiques, prix des produits, charges fiscales — frappent aussi les fournisseurs, les saisonniers et les territoires touristiques comme Giverny, où l’activité repose en grande partie sur la restauration et l’hôtellerie.
Retour sur sa convalescence et ses prises de parole
Sorti de l’hôpital, David Gallienne assure aujourd’hui « aller beaucoup mieux » et se dit en voie de rétablissement. Mais l’épreuve a produit un changement d’angle : la notoriété acquise après Top Chef n’est plus seulement un atout médiatique, elle devient une tribune pour alerter sur la détresse du métier.
Le chef précise qu’il n’a pour l’instant « pas de plan d’action », mais qu’il souhaite « ouvrir un dialogue, de manière à ce que les choses bougent et changent ». Sa démarche se veut collective : il répond à un afflux de messages reçus depuis son post et entend donner une voix aux nombreux professionnels qui, selon lui, « souffrent dans le silence ».
Cet appel à la discussion marque une étape symbolique. Après avoir brillé sur les plateaux de télévision, David Gallienne concentre désormais son énergie sur la survie quotidienne de son établissement et, plus largement, sur la pérennité d’un secteur qu’il juge en danger.
Si ses témoignages ont été relayés par des titres nationaux comme Le Parisien et régionaux comme Ici Normandie, ils s’inscrivent dans un contexte plus large de débats sur le soutien aux PME et aux secteurs touchés par l’inflation et l’augmentation des coûts fixes. Les propos du chef illustrent la tension entre exigence de qualité, contrainte économique et préservation de la santé des professionnels.
Reste que le diagnostic posé par David Gallienne appelle des réponses concrètes des pouvoirs publics et des partenaires du secteur. En attendant, ce témoignage met en lumière la réalité souvent invisible du quotidien des restaurateurs, et la difficulté croissante de concilier passion culinaire et viabilité économique.


