Le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a relancé un débat après une déclaration publiée dans le magazine ELLE, selon le journaliste Julien Bellver de l’émission Quotidien. Interrogé dans une enquête du magazine consacrée au vote gay pour le RN, il y compare la présidente du parti, Marine Le Pen, à la chanteuse Mylène Farmer, en estimant qu’elles partagent la capacité de « comprendre la communauté gay ». Cette prise de position a rapidement suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux, notamment sous le tweet relayé par Julien Bellver (pic.twitter.com/OovzqXbwjV). Le sujet divise et interroge sur la manière dont le RN se positionne face aux questions de discrimination et d’identité sexuelle.
Une comparaison qui passe mal
Dans ELLE, Jean-Philippe Tanguy affirme : « Discriminée toute sa vie à cause de son nom, Marine Le Pen a cette même blessure que les homosexuels. Elle les comprend comme Mylène Farmer. » Cette formulation a provoqué des commentaires vifs et souvent moqueurs de la part d’internautes.
Parmi les réactions compilées sous le partage de Julien Bellver, certains sont sarcastiques : « Nan mais entre ça et le petit Sarkozy aujourd’hui c’est magnifique », « Sans contrefaçon, je suis nazillon ? », ou encore « La France pays du grand spectacle hein mdr on est pauvres mais niveau divertissement on est au top ». D’autres dénoncent un usage politisé des souffrances : « Comparer un nom de famille aux discriminations vécues par les homosexuels … non mais ça ne va pas !! Il faut que le RN arrête de réécrire la réalité pour se fabriquer des blessures imaginaires. C’est obscène, indécent et totalement déconnecté. On touche le fond. »
Ces réactions traduisent une incompréhension et une colère face à l’assimilation entre une « blessure » liée à un patronyme et les discriminations vécues par les personnes LGBT+. Elles mettent aussi en lumière la défiance d’une partie de l’opinion publique envers les discours du Rassemblement national sur ces sujets.
Le parcours personnel de Jean-Philippe Tanguy
Jean-Philippe Tanguy, député RN, a pris une place publique sur ces questions en rappelant son propre parcours. Il s’est confié dans le documentaire Homos en politique, le dire ou pas ? diffusé sur France 5 et présenté par Jean-Baptiste Marteau et Renaud Saint-Cricq. Dans ce reportage, il explique avoir « assumé » son homosexualité « très tôt » : « Moi, je l’ai assumé dès le collège au moment du débat du Pacs. J’étais en cinquième ou en quatrième, je ne sais plus. Mais c’était en 1997. »
Il raconte aussi avoir été la cible de remarques haineuses à la suite de son coming-out et avoir ressenti de la colère. Sur la portée de ses engagements personnels, il nuance sa position : « Il y aura toujours un mystère, de savoir qu’est-ce que dans ma construction personnelle est liée à ce qui était vraiment mon intime personnalité et ce qui relevait aussi de l’affirmation, enfin presque d’une forme de courage de défendre aussi les autres. »
Tanguy en profite pour critiquer implicitement la répartition du rôle de porte-parole des questions LGBT+ au sein du monde politique. Il regrette que ce soient principalement des élus homosexuels ou bisexuels qui doivent « monter sur ces sujets-là » et affirme souhaiter que des parlementaires hétérosexuels prennent davantage la parole en faveur de la communauté.
Les enjeux politiques et la réception médiatique
La déclaration de Jean-Philippe Tanguy s’inscrit dans un contexte politique sensible : le RN cherche depuis plusieurs années à élargir son électorat et à soigner son image sur des thématiques sociétales tout en conservant sa base. Associer Marine Le Pen — figure historique du parti — à une empathie supposée envers les personnes homosexuelles constitue une stratégie de communication qui peut paraître surprenante à beaucoup.
Sur les réseaux, la juxtaposition de cette stratégie et des prises de position historiques du parti sur d’autres sujets a nourri l’ironie et l’incrédulité. Les critiques relayées soulignent une perception d’instrumentalisation des souffrances et une tentative de relecture des récits identitaires.
Ce que disent les intéressés
Jean-Philippe Tanguy défend donc son point de vue en s’appuyant sur son histoire personnelle et sur l’idée que la blessure liée à un nom — selon lui vécue par Marine Le Pen — rapproche d’un sentiment de discrimination ressenti par certains homosexuels. La phrase a été relayée par Julien Bellver, journaliste à Quotidien, et largement commentée en ligne (voir le tweet : pic.twitter.com/OovzqXbwjV).
La médiatisation de cette prise de position montre combien les discours sur l’identité et la discrimination restent des terrains sensibles. Ils suscitent des réactions immédiates et polarisées, entre défense de l’auteur de la phrase, moqueries et condamnations fermes.
Sans reprendre de nouveaux éléments non publiés, il apparaît que la comparaison formulée par Jean-Philippe Tanguy a surtout servi de déclencheur pour un débat plus large sur la représentation des questions LGBT+ au sein des différents courants politiques et sur la manière dont ces sujets sont instrumentalisés ou défendus par des élus.
La polémique expose, une nouvelle fois, la difficulté pour les partis à concilier stratégie électorale et traitement respectueux des traumatismes et expériences vécues par des communautés spécifiques.


