Cinq ans se sont écoulés depuis la disparition qui avait bouleversé le monde du rugby : Christophe Dominici est mort le 24 novembre 2020, à 48 ans. Sa mort, soudaine et tragique, avait laissé une famille dévastée, des supporters sous le choc et une communauté sportive incrédule.
À l’approche de cet anniversaire, Loretta Denaro, compagne de Christophe et mère de leurs deux filles, a accepté de se confier. Sa voix, ponctuée d’un léger accent italien, reste souvent brisée par l’émotion. Si la douleur demeure, elle veut préserver la mémoire de l’homme qu’elle a aimé — drôle, touchant, fantasque et profondément humain — et évoquer sa carrière avec reconnaissance.
Un hommage sportif au stade Jean-Bouin
Ce dimanche 23 novembre, un hommage symbolique a eu lieu au stade Jean-Bouin : la remise du Trophée Christophe-Dominici, disputé à chaque rencontre entre le Stade Français et Toulon, deux clubs qui ont marqué la carrière du joueur. Pour Loretta, ces gestes ont une valeur particulière.
« J’ai envie que ce soit la joie », confie-t-elle. « Ce jour-là, je souhaite que toutes les personnes qui ont connu Christophe aient le sourire en pensant à lui, à l’énergie folle qu’il mettait dans son jeu. Il ne faut pas que ça s’arrête ».
Les hommages réguliers lui apportent du réconfort. « On est toujours très émus de voir qu’il n’a pas été oublié. Ni le joueur, ni le papa de nos filles. Ça nous fait du bien », explique-t-elle dans les colonnes de Purepeople. Cinq années après, l’empreinte de Dominici reste vive dans le cœur du public.
Les souvenirs qui traversent les générations
De nombreux témoignages continuent d’arriver à la famille. « Nous recevons toujours énormément de messages, des témoignages de sympathie, des souvenirs partagés », raconte Loretta. Beaucoup évoquent encore l’essai contre la Nouvelle-Zélande en 1999, resté dans la mémoire collective comme l’un des instants forts du rugby français.
« Même des gens qui ne connaissent pas le rugby m’en parlent. Moi-même je ne suivais pas ce sport quand je l’ai rencontré. Je me souviens de lui avec ses cheveux teints en blond… Ça m’avait beaucoup fait rire. Et maintenant, cinq ans ont passé. L’anniversaire revient et, comme toujours, c’est un moment très intense, très compliqué », confie-t-elle.
Un combat judiciaire pour faire la lumière
Parallèlement au deuil, Loretta mène un combat pour obtenir des explications sur les circonstances qui ont précédé la mort de Christophe, et notamment sur un projet de rachat du club de Béziers auquel il aurait été lié. Elle affirme que son compagnon a été, selon ses termes, « floué, manipulé, mal informé » au cours de cette opération, ce qui l’aurait profondément affecté.
« Il a apporté toute son énergie, ses compétences, toute son expertise, et il a été victime de personnes peu scrupuleuses », déclare-t-elle. « Quand il a compris ce qui s’était passé, il s’est senti humilié. Il est passé pour un mytho devant la France entière et s’est muré dans le silence ».
Loretta a engagé des procédures judiciaires. Son objectif est double : faire éclater la vérité et protéger d’autres personnes d’éventuelles malversations. « J’attends qu’on me fournisse des explications. J’ai besoin que la justice passe pour pouvoir avancer dans mon deuil », affirme-t-elle. Ces démarches sont conduites dans un cadre légal et leurs suites relèvent de l’instruction en cours.
La famille, entre douleur et résilience
Lorsqu’elle évoque leurs deux filles, Kyara et Mia, le ton de Loretta s’adoucit. « Ce sont deux adolescentes magnifiques. Elles ont une force admirable, elles sont dignes, affectueuses… et aussi rigolotes que leur père ! »
Voir certains traits de Christophe se refléter dans leurs gestes, leur humour ou leur regard est un soutien essentiel pour la veuve. « Avec elles, on essaie de transformer chaque jour notre faiblesse en force », confie-t-elle. Entre souvenirs publics et peine intime, la famille continue de préserver l’héritage humain laissé par Christophe Dominici.


